Wanted Dead or Alive : Brice Amiot, Artiste Martial engagé dans la Voie du Guerrier
Fallait que je trouve quelqu’un à qui m’adresser. Ce truc du Guerrier m’obsédait depuis trop longtemps, mais je savais pas par quel bout l’attaquer. Moi-même évidemment je me sentais l’âme d’une Guerrière, et quand on connait un tantinet le terrain que je pratique, pas besoin d’avoir inventé l’eau chaude pour capter que l’Ayahuasca en mode traditionnel, c’est carrément une Voie du Guerrier. Mais c'était pas assez pour oser me colleter à ce thème foutrement vaste en pleine légitimité.
Et puis je suis tombée sur un mec. Un maestro d’Art Martial. Du style traditionaliste.
Une seule vidéo de lui m’a suffit. J’ai su que j’avais trouvé celui qu’il me fallait.
Ce type, il parle de la vie comme d’un maître, du mal dont tu peux dompter l’énergie afin de le transmuter en bien. Il voit chaque souffrance comme une épreuve initiatique, t’apprend comment exprimer tes émotions par le corps, comment devenir responsable de ta propre réalité.
Il compare l’ego à un logiciel informatique malveillant et te chuchote que les Guerriers sont ceux qui décident d’entrer dans la machine pour la déprogrammer.
Il ose redonner sa légitimité à l’expérience personnelle, en rétablissant le vivant qui circule à l’intérieur de toi comme seule vérité.
Il évoque la vraie force, aussi. Celle qui te permet d’employer l’énergie des choses néfastes pour nourrir le changement positif que tu veux voir se produire. Cette force qui peut faire de toi un être indestructible, car capable de tout accepter.
Et enfin, il parle de l’intention. De cette conviction qui t’habite lorsque tu décides de devenir enfin ce que tu rêves d’être. Jusqu’à ce que chaque cellule de ton âme en soit imprégnée et que tu parviennes… à la totale réalisation de toi-même.
Ce mec dont je cause, ce qu’il fait, en réalité, c’est de rendre son pouvoir à l’être humain.
Son nom, c’est Brice Amiot.
Et putain, il va te fracasser la tête.
Quand Brice Amiot affûte ton être comme un sabre en déployant son ardente vision du Guerrier
Cette interview est la version écrite de la série de 4 vidéos réalisées en duo avec Brice Amiot, La Voie du Guerrier.
On a décidé de la publier ici parce qu’elle constitue un parfait Manuel du Guerrier.
PRÉSENTATION DE BRICE AMIOT
Bon, soyons clairs, Guerrier : toi et moi, on se serait jamais croisés si t’avais pas eu la bonne idée d’écrire des livres. C’est marrant, c’est un truc qu’on retrouve dans pas mal d’ouvrages de samouraïs, justement ; cette idée que l’Art du Sabre doit s’allier à celui de la Plume pour transformer le monde (et probablement aussi celui qui tient le sabre dans une main et la plume dans l’autre). C’est d’ailleurs l’une des choses qu’on a en commun, nous deux. Parler de nos pratiques guerrières à travers des livres. Celui sur lequel je me suis basée pour faire cette interview, c’est Esprit Martial, dont je propose pas mal de citations à la fin de notre rencontre. Je me doute qu’il serait fastidieux pour toi de revenir ici sur ta longue (et pour tout dire époustouflante) carrière, mais y a pas le choix. Faut que tu te présentes. Faut que les gens sachent à qui ils ont affaire, et pourquoi t’es qualifié pour t’attaquer avec moi au thème de la Voie du Guerrier. Je sais pas, parle-nous de l’école que t’as créée, de ce qui te pousse à écrire des livres, de la raison pour laquelle ce thème du Guerrier est si important pour toi… Je t’écoute. Bon courage.
OK Guerrière, je vais tenter de me présenter mais pas en te faisant le traditionnel CV qui viendrait énumérer mes compétences ! Je vais plutôt te raconter comment aujourd’hui, j’en arrive à amorcer un virage assez serré dans la pratique et l’enseignement des Arts Martiaux. Cela me semble beaucoup plus pertinent pour mettre en lumière ce qui m’anime lorsque j’aborde à tes côtés le sujet de la Voie du Guerrier.
Beaucoup de tes lecteurs reconnaîtront sûrement qu’ils sont à la fin d’un cycle de vie qui fut nourri par une certaine conscience qu’ils ont aujourd’hui totalement dépassée. Peut-être que comme toi et moi, ils ont traversé certaines épreuves et acquis certains enseignements qui ont changé leur vision d’eux-mêmes et du monde. Si c’est le cas, ils sentent inévitablement que cette transmutation les amène à s’inscrire dans un nouveau processus de réalisation ou, en d’autres termes, dans une nouvelle quête. Ils ont alors un regard bienveillant sur les éléments de leur passé qui ont contribué à leur croissance spirituelle mais il se peut qu’ils soient encore en train de travailler à balancer des coups de hache dans certaines attaches que la vie leur demande de rompre. Le nouveau ne fait pas de concessions : « On ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres… ».
Il me semble en effet que l’époque actuelle fait l’office d’une charnière à l’échelle de l’humanité et que nous sommes nombreux à avoir l’impression que notre âme (ou notre Soi si je me réfère au travail de Jung) a décidé de nous foutre la pression afin que notre incarnation lui soit à présent totalement dédiée. Elle le fait en nous montrant que le chemin que nous avons parcouru jusqu’ici était un apprentissage et qu’à présent il va falloir non seulement apprendre quelque chose de totalement différent pour équilibrer notre Être, mais qu’il va surtout falloir se mettre à appliquer les leçons reçues.
Elle exige un acte de foi, un saut dans le vide pour que nous puissions découvrir nos réels pouvoirs et prendre un nouveau départ. Elle nous met au défi mais elle le fait en nous donnant les armes nécessaires pour les relever. À nous d’avoir le courage de saisir ces armes, de nous exercer à les manier avec dextérité et à affronter, grâce à elles, ce ou ces défis avec foi, sagesse et courage. Notre âme nous veut totalement libre et disposé à la servir : le moi au service du Soi ! Elle nous montre notre Voie sous la forme d’une trame reliant les évènements de notre vie et cela en leur donnant un sens. Puis elle nous donne le choix d’en faire une légende, d’accomplir une destinée. Si nous y consentons cette voie devient ce que j’appelle “la Voie du Guerrier”.
Je suis de ceux qui sont persuadés qu’une existence n’est rien d’autre qu’un grand processus alchimique. Nous y subissons de grandes étapes de transmutation destinées à nous détacher d’une certaine conception limitée de nous-même. Ainsi, nos incarnations nous permettent d’avancer vers une réalisation complète de notre essence divine : le Soi.
Celui qui, dans une de ses existences, choisit d’accompagner consciemment ce détachement du “petit moi” devient donc un Guerrier. Un Guerrier qui, sous l’appel du Soi, a le courage de s’attaquer aux armées du moi dont les soldats sont nommés Pensées, Croyances, Peurs, Désirs, Sentiments, Mémoires Ancestrales, Blessures, Conventions, Système, etc...
À l’heure où je t’écris, je me demande si finalement, ce n’est pas la Voie du Guerrier qui nous choisit. Je me demande si elle ne vient pas inévitablement s’imposer à nous au cours d’une de nos incarnations parce que le moment est venu pour notre âme de se révéler à travers l’archétype du Guerrier ou celui du Héros, mais ce n’est pas le propos du jour. Tu me demandes d’avoir un regard sur mon parcours et je vais à présent pouvoir te le livrer à travers le prisme de cette vision de l’existence que je viens de te décrire.
Ce prisme je le chéris car il me permet de donner un sens à ma vie, aux épreuves et aux cadeaux qu’elle m’a offerts, aux rencontres qu’elle a mises sur ma route, aux passions et aux vocations qu’elle a suscitées. Ce prisme m’amène à me dire que rien n’arrive par hasard et que nous servons le plan d’un grand architecte en charge de mener l’humanité vers sa source.
Mon attirance vers les Arts Martiaux s’est forgée dans la croyance qu’il existe une lutte entre “le Bien et le Mal”, entre la lumière et les ténèbres, entre des gentils et des méchants… Fils d’un Père flic et d’une Mère travaillant dans la Justice, je te laisse imaginer à quel point le terreau de mon enfance était propice à ce qu’émergent en moi de tels concepts. L’image du puissant héros défenseur des faibles face aux injustices commises à leur encontre par de cruels oppresseurs était celle à laquelle je choisis instinctivement de m’identifier et dès mon plus jeune âge, il me parut crucial d’acquérir des compétences en matière de lutte contre “le Mal”. Je souris en évoquant cette réalité, Guerrière, mais tu vas te rendre compte que cette croyance, qui peut se révéler extrêmement nocive pour soi-même et les autres, peut également devenir le moteur de grandes réalisations.
Donc, à la base de ma conception de la vie résidait un combat. Forcément, étant donné que nous créons notre réalité, les combats et les injustices ne se sont pas fait attendre et mon enfance a très vite été marquée par de sombres évènements. En effet, mon Père fit l’objet de pressions politiques dans l’exercice de ses fonctions de commissaire divisionnaire au sein de la Police d’une commune du Val d’Oise et sa prise de position en faveur de ce qui lui semblait juste valut à notre famille d’être menacée. Un grand processus de destruction bien vicelard comme savent les mettre au point les Hommes avides de pouvoir s’enclencha autour de la nécessité d’éliminer un homme gênant et mon Père sombra dans une profonde dépression avant d’être tué par le poids des attaques incessantes dont il était la cible. J’avais alors sept ans.
On dit qu’on constitue la base de sa relation au monde dans les sept premières années de sa vie. Me voilà donc parti avec un bagage bien lourd rempli de l’idée que le monde des Hommes est dangereux car il y règne massivement des êtres sombres, corrompus et malveillants, que ces êtres m’ont pris mon Père, que je suis seul pour me défendre et défendre ma Mère. Bienvenue en enfer !
Dès lors, la nature devient mon refuge. Je suis un enfant solitaire errant la plupart du temps dans les profondes forêts vivantes qui bordent la propriété que mes parents avaient achetée. Les arbres et les animaux deviennent mes compagnons de jeux ou plutôt d’entraînement car je n’ai qu’une seule idée en tête : devenir fort.
Mes moindres actions sont dictées par la volonté d’être capable de me protéger, d’incarner les nobles valeurs que mon éducation m’avait inculquées et par celle de me tenir loin de la noirceur des Hommes. Le problème, c’est que je rencontre cette noirceur partout car elle est ancrée en moi : on voit ce qu’on croit. À l’école je n’ai que très peu de camarades de mon âge, en dehors je suis seul ou je traîne dans les pattes de tout un tas “d’anciens” des campagnes qui m’apprennent des trucs d’anciens remplis de bon sens, de magie et de connaissances des lois de la nature. Je suis déjà en train d’apprendre ce qui constitue aujourd’hui le cœur de mon enseignement.
Le combat continue et la vie m’arrache à mes racines : je pars vivre chez ma Grand-Mère maternelle dans le Pas-de-Calais. Ce fut de belles années qui me permirent d’être complètement bercé par la sagesse de tout un tas de personnes âgées aimantes et bienveillantes qui constituaient mon entourage proche. L’une d’entre elles fut mon premier professeur d’Arts Martiaux. Un homme discret et profondément bon qui s’occupait de son jardin lorsqu’il n’enseignait pas le Judo. Et son jardin était juste au bout de celui de ma Grand-Mère.
Autant te dire que cet homme patient et d’une profonde sagesse avait souvent un petit pot de colle nommé Brice aux miches lorsqu’il foutait le nez dehors. Et lorsqu’il se rendait dans son Dojo, j’y était également car forcément, les Arts Martiaux se sont révélés comme incontournables dès lors que leur existence fut portée à ma connaissance. Ma Mère n’hésita pas à financer mes cours jusqu’à ce que je sois moi-même en capacité de les payer et mes professeurs d’Arts Martiaux sont devenus mes Pères de substitution. Chacun d’entre eux a développé en moi des qualités ou inspiré des quêtes de compétences. Ils ont tous façonné ma vie en parallèle de deux autres sources d’inspiration : le cinéma et la littérature. Si le cinéma continuait à nourrir le misanthrope assoiffé de justice, de droiture et bouillant du désir de punir le “déviant”, la littérature, elle, commençait à m’apporter d’autres visions des buts de la pratique des Arts Martiaux.
Mon adolescence prit alors une espèce de double direction. Je devais à la fois aller au bout de ma quête de force mais commencer également à envisager que ce que j’entendais être un homme fort n’était qu’un petit aspect très éphémère du thème de la force humaine. J’étais aussi invité à me poser quelques questions au sujet de ma réalité. Mais tu sais comme moi que c’est lorsqu’on est allé au bout d’une idée que celle-ci peut laisser place à une autre.
J’ai donc continué à pratiquer différents Arts Martiaux, sports de combat et méthodes de self défense dans le but quasi unique d’affronter ce monde si dangereux. Je m’entraînais chaque jour avec ferveur et enthousiasme, alimenté par la passion et la fougue juvénile, toujours plus exigeant envers moi-même mais aussi envers les autres par extension. Bref, s’ouvrait à moi le programme idéal pour devenir un connard violent, intolérant, prétentieux, rigide, semeur de haine et de désastres comme il y en a des masses aujourd’hui dans le monde du sport d’inspiration martial mais en même temps, la vie m’empêchait de tomber dans ce piège.
L’intérêt que je nourrissais de plus en plus pour les dimensions subtiles de l’être constituaient un garde-fou et me ramenait vers une certaine tempérance dans mes actes et mes pensées. Si jamais je transgressais une certaine éthique, je me prenais dans la foulée une leçon à la hauteur de la transgression. Je devais “filer droit” et rester un minimum dans la lumière, c’est-à-dire dans la reconnaissance qu’il n’y avait pas que des ennemis autour de moi et cela jusqu’à ce que je comprenne que le seul véritable ennemi était à l’intérieur de moi-même, semé dans mon programme interne (classique, me diras-tu). Malheureusement ce n’est pas à l’adolescence que je l’ai compris mais plus tard.
Entre-temps, cet ennemi, se sentant menacé, s'est tapi dans l’ombre au fond de mes entrailles pour prendre de la force tout en faisant croire qu’il n’existait plus. Pourquoi s’est-il senti menacé ? Parce que j’avais beaucoup d’amour autour de moi. L’amour d’êtres humains sages, d’amis sains, d’animaux de compagnie incroyablement ressourçants. Je m’ouvrais de plus en plus aux autres et les écoles martiales que je fréquentais me donnaient en plus, des frères et des sœurs investis des mêmes recherches de beauté dans les relations.
Cette transmutation interne a créé les conséquences d’une transmutation externe. J’ai dû quitter le nord de la France pour descendre dans le sud à l’âge de 16-17 ans. J’ai eu la conviction d’arriver chez moi en mettant le pied sur ce sol “inconnu de cette vie” : une impression de retour. Tout m’était familier. Mon idée du monde n’était plus aussi sombre et je créais des conditions de vie épanouissantes mais j’avais toujours soif de combattre. Mon ego le souhaitait. Je me sentais capable d’affronter n’importe qui dans ma catégorie et la vie étant un maître, elle m’a mené à entrer dans des sphères martiales extrêmes où les catégories n’existaient pas forcément. C’est certain, dans ces sphères je pouvais y aller à fond et expulser la colère qui m’habitait. Je pouvais frapper aussi fort que je le voulais mais j’ai dû aussi apprendre l’humilité, apprendre à plier, à mettre parfois un genou à terre, à entrer en harmonie plutôt qu’en opposition.
J’ai dû affronter la peur, la douleur, la reconnaissance que la défaite faisait partie de la vie et qu’elle n’était qu’une opportunité de reconsidérer les choses pour faire autrement. Puis j’ai aimé serrer mes adversaires dans mes bras après les combats, j’ai adoré les marques de respect et de fraternité que nous avions les uns envers les autres et je me mis peu à peu, à avoir du dégoût à l’idée de faire mal à quelqu’un. Cela devenait même plus honorable pour moi de vaincre sans blesser et sans exprimer la moindre haine. J’avais vidé mon sac de démons et j’aspirais à beaucoup plus de “beauté” dans l’expression de mon art et la conduite de ma vie.
J’ai alors entrepris un changement radical dans le choix des styles martiaux que je souhaitais étudier et je suis passé d’un cadre majoritairement influencé par les cultures Japonaises et Okinawaïennes pour la pratique du Wushu, c’est-à-dire des arts martiaux purement chinois. Le courant dit “moderne” fut celui qui s’imposa à moi car il alliait le développement technique, esthétique et personnel dans différents types d’expressions martiales avec des armes ou à mains nues mais surtout il n’excluait pas la pratique du combat dans un cadre plus sportif et réglementé, ce qui me convenait alors tout à fait.
J’ai travaillé extrêmement dur durant quinze ans pour parvenir à transformer mon corps, mon sens du mouvement, ma perception de l’unité corps-souffle-esprit et la compréhension de la dimension purement sportive du Wushu moderne. J’ai atteint un niveau qui me permit de disputer de belles compétitions internationales et de rencontrer de très grands noms de la discipline. J’ai été aussi loin que je pouvais aller dans cette nouvelle sphère, c’est-à-dire jusqu’à être profondément écœuré et en désaccord avec le monde du sport martial et de la compétition. Je ne faisais absolument pas ce à quoi j’aspirais.
J’étais peut-être devenu un athlète de compétition capable de représenter son pays sur des évènements internationaux et lui faire honneur mais je n’étais pas un artiste martial. Pas selon les critères que mon âme exigeait. La guerre en moi était à son paroxysme et incapable d’écouter le silence pour qu’il me ramène à la raison, mon âme a demandé à ce que je me blesse gravement pour que je sois à l’arrêt et que j’écoute enfin son appel au changement.
Je me souviens alors d’une sorte de traversée du désert durant laquelle j’ai instinctivement prié. J’ai toujours eu le sens du sacré en ayant en même temps une aversion profonde pour les religions. Depuis mon plus jeune âge je m’adresse à des forces supérieures pour qu’elles m’aident dans mes épreuves, je les remercie et les honore et je n’ai aucun doute en ce qui concerne le pouvoir de la prière. Je me sentais perdu mais soutenu et la résilience me permit de très vite me faire une raison quant à cette blessure.
Ce que j’avais connu des Arts Martiaux me semblait loin de la voie initiatique que j’entendais y trouver et je devais absolument comprendre pourquoi ces disciplines que l’on prétendait capables de nourrir autant le corps que l’esprit étaient devenues aussi vides de sens et aussi destructrices. Je me suis mis en quête de tout ce qui me permettrait de comprendre les différents contextes culturels et historiques qui avaient permis aux Arts Martiaux asiatiques de naître et de devenir peu à peu les sports de combat ou de démonstration qu’ils sont aujourd’hui.
Ce fut très formateur et forcément, mon filtre de base m’amena à tirer une conclusion très précise de l’assimilation de la gigantesque somme de livres, de témoignages et d’entretiens que j’ai menés durant des années : les Arts Martiaux, en tant que voies d’éveil, en tant qu’écoles des mystères, en tant qu’écoles alchimiques attachées à proposer ce qu’on appelle « la Voie Royale » sont morts ! Ce qu’il en reste aujourd’hui est une coquille vide, un mensonge.
Face à l’occidentalisation, à la modernisation et aux épurations culturelles engendrées par les différents régimes politiques qui se sont succédés au cours des XIXème et XXème siècle, les Arts Martiaux ont dû se transformer en sports et ainsi devenir l’antithèse de ce qu’ils étaient à l’origine. Comme tout ce qui fut jadis sacré, ils ont subi une vulgarisation, une complète épuration des éléments constructifs et nourrissants sur les plans subtils pour devenir un produit commercialisable auprès des masses. Ce constat fut décisif pour moi puisqu’il motiva et motive encore le but que j’ai donné à mon existence : replacer les Arts Martiaux dans leur rôle de voies vers le Soi.
Je te passe les détails mais ce cap m’a mené à guérir de ma blessure, à devenir l’élève de deux des plus grands professeurs d’Arts Martiaux Chinois traditionnels au monde, à ouvrir mon école et à la voir prospérer jusqu’à me permettre de vivre intégralement de ma passion et bien entendu, à écrire mon premier livre : Esprit Martial.
Esprit Martial a jailli de moi comme s’il fallait absolument que je couche sur papier les bases fondamentales de mon projet de vie. Durant quelques semaines, j’ai été scotché sur mon ordinateur à canaliser la gigantesque vague d’inspiration qui me venait. J’ai rapidement accouché de ce livre que je destinais uniquement à mes jeunes élèves mais une fois écrit, une amie me proposa de s’occuper de le mettre en pages et de le faire imprimer à une centaine d’exemplaires afin qu’il soit proposé en dehors des murs de l’école. Je me suis dit que j’allais me retrouver avec plus de la moitié du stock sur les bras.
Ce petit volume de livres fut décimé en quelques mois et je dû très vite faire un second tirage dans un format plus grand avec des améliorations. Idem, la quasi-totalité du second tirage fut assez vite épuisée et, accaparé par l’écriture d’un second livre spécifique à la pratique du Wing Chun, je n’ai pas relancé d’impression. C’est toi qui permets aujourd’hui à Esprit Martial de bénéficier d’un nouveau tirage puisque la promotion que tu en as faite après lecture m’a valu d’avoir de nouvelles commandes.
Aujourd’hui, Esprit Martial mériterait une suite car forcément, depuis sa première édition, je n’ai cessé de développer des connaissances dans les domaines qui me passionnent et qui gravitent autour du thème de la réalisation du Soi. Le terme “réalisation” doit ici prendre le sens de “reconnaissance”. La reconnaissance du Soi se fait lorsque l’on rencontre la part d’immortalité qui est en nous, ce centre immuable, imperturbable et de toute éternité qui se trouve au-delà de la conception très limitée que nous avons de nous-même.
Les écoles initiatiques de Chine, héritières des enseignements Confucéens, Taoïstes ou Bouddhistes avaient élaboré des méthodes capables de mener ceux qui en avaient le courage et la destinée à préparer cette rencontre. Les Arts Martiaux faisaient partie intégrante de ces méthodes dont l’ensemble ne pouvait être fragmenté au risque de perdre toute sa cohérence et sa raison d’être. C’est donc au sein d’un état d’esprit particulier, d’une quête personnelle et d’un véritable art de vivre qu’il faut les reconsidérer et non pas comme des “sports”.
La notion de sport est occidentale et fut d’abord associée à celle de divertissement, de plaisir, de jeu. Ensuite, elle devint également synonyme de compétition. Le terme alchimique « KUNG FU » qui fut rapporté par le Père Jésuite Joseph-Marie AMIOT (oui, je sais ce que tu vas dire…) pour désigner les pratiques corporelles énergétiques et martiales qu’il observa en Chine au XVIIIème siècle remet bien les pendules à l’heure ! Il désigne les efforts réguliers qu’un Homme fournit sur une longue période de temps au service d’une discipline (quelle qu’elle soit) pour en acquérir la maîtrise. Mais ce n’est pas tout ! Une partie de l’idéogramme KUNG FU montre un être humain accompli entre le Ciel et la Terre : un homme (ou une femme bien entendu) qui relie ces deux polarités et qui est donc capable, à travers son corps (sa propre matière) et ses actes sur la Terre, de faire descendre les volontés du Ciel, du grand plan divin.
Tu imagines bien que pour arriver à être “un fils ou une fille du Ciel et de la Terre”, il faut avoir éliminé toutes les identifications au petit moi. Le terme KUNG FU désigne donc bien le but et le moyen pour y parvenir. Le but est de réaliser sa nature divine et le moyen est le travail incessant sur le moi pour découvrir le Soi. La discipline choisie fera ici office d’outil. En maîtrisant cet outil à l’extérieur, on se maîtrise à l’intérieur… C’est un principe d’alchimie opérative.
Tu vois bien qu’il n’est nullement ici question de compétition contre les autres, de jeu, de divertissement ou de plaisir. Tout cela j’aimerais l’expliquer plus en détail dans un ouvrage dédié non plus à l’Esprit Martial uniquement, mais à la Voie du Guerrier comme je la conçois. Une Voie à la portée d’un homme ou d’une femme perdu(e)s dans l’incohérence du monde moderne, prêt à se retrousser les manches pour se dépouiller de ce qui l’empêche de se connaître dans toute sa lumière.
Revenons à mon parcours. Après Esprit Martial, comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai écrit un livre spécifique sur le WING CHUN. Il fut d’abord auto-édité puis, fut ensuite signé chez BUDO ÉDITIONS, ce qui constitua pour moi une certaine consécration vu la qualité des ouvrages martiaux que cet éditeur a coutume de produire. Tout allait dans une direction qui me semblait tracée pour mon avenir et c’est lorsque tu crois avoir tout compris que la vie a le don de te montrer à quel point tu te goures.
L’épisode de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID 19 a réveillé mon ennemi juré, le démon caché au fond de moi, celui qui faisait le mort depuis si longtemps… Dans cet épisode révélateur de l’état du Monde dans lequel nous vivons, j’ai oublié une règle essentielle. Tu connais forcément l’affirmation de Nietzsche qui dit « qu’à trop regarder l’abîme, l’abîme finit par regarder en toi ». J’ai pu mesurer à quel point c’était vrai. Ce sur quoi nous portons notre regard nous possède.
Ma blessure constitutionnelle me fit ne plus voir qu’un monde hideux tournant autour du Dieu argent, un monde malade, coupé de la nature et du sacré, une humanité esclave d’une poignée de financiers fous, des masses hypnotisées par des médias corrompus, des hordes de zombies prêtes à renier toutes les valeurs humaines et toute notion de dignité pour du divertissement, une industrie de la santé orchestrant la maladie au côté d’un système broyeur de consciences, des milliers de robots vides de “bon sens” prêts à gober n’importe quel mensonge pour avoir le droit de consommer, une nature à l’agonie souffrant d’un cancer nommé “Homme”.
Le démon en moi se déchaînait et me faisait perdre toute ma lumière. Mon discours quotidien était empreint de négativité, de dégoût, de haine… J’étais devenu sombre et toxique pour mes proches. Et puisque les pensées, la parole et le regard que l’on porte sur l’extérieur ont un grand pouvoir, j’ai créé ma descente aux enfers.
On ne descend jamais au fond pour rien. On y descend pour y prendre des leçons. J’ai appris que pour un “Guerrier”, les leçons se prennent un genou à Terre : un genou plié symbole d’humilité devant la force de la vie et un pied déjà prêt à pousser sur la Terre pour nous relever. J’ai réalisé qu’on pouvait servir les ténèbres en pensant faire tout le contraire. Cela m’a permis de prendre beaucoup de recul sur mon fonctionnement de base et à en saisir les mécanismes mais aussi à mieux percevoir la source du mal chez les autres.
Corriger une erreur dans notre programme constitutionnel n’est pas chose facile. Il faut des armes, de l’entraînement, du temps, des petites victoires et parfois des échecs pour constater que le travail n’est jamais fini. Il faut être vigilant, surveiller incessamment nos pensées, nos sentiments, nos volontés et nos actes pour déceler les vieilles habitudes nocives et en créer d’autres par des répétitions conscientes. Il faut être un Guerrier à l'affût, prêt à bondir le sabre à la main pour trancher net les schémas destructeurs à la racine. Un maître de l’instant présent qui ne se laisse pas enchaîner par son passé ni perturber par son futur. C’est ça selon moi la Voie du Guerrier et c’est ce travail que la pratique des Arts Martiaux est censée symboliser à l’origine.
À l’heure à laquelle je t’écris, me voilà à nouveau debout entre le Ciel et la Terre, le sabre à la main. J’ai à cœur de transmettre cette vision personnelle par tous les moyens qui me sembleront stimulants et donner à ceux qui se sentiront appelés par la Voie du Guerrier, le fruit de mon vécu ainsi que des méthodes concrètes pour avancer dessus. J’ai des projets et des idées plein la tête. J’ai un nouveau livre en phase d’achèvement et des champs d’action qui s’ouvrent peu à peu à moi parce que je m’ouvre à nouveau à la beauté de ce qu’est la vie. J’amorce un virage qui m’éloignera d’un public que je ne veux plus dans mes cours. Un public de consommateurs nourris aux productions Netflix et assoiffés de clichés pensant que j’ai une baguette magique capable de les transformer en super Ninja en une semaine de cours. Je propose des formats de formation intensifs en immersion et je commence à intervenir dans des sphères où il y a beaucoup à faire mais dans lesquelles les demandeurs sont déjà dans une démarche de travail personnel.
Voilà, Guerrière, j’espère t’avoir livré une trame assez claire des éléments de mon parcours dont tu fais à présent partie. Nous savons tous deux combien notre collaboration semble avoir été orchestrée par une volonté qui nous dépasse et qui nous amène à rassembler nos compétences, nos personnalités et nos énergies. Je nous souhaite donc courage, foi et joie dans nos entreprises personnelles et communes.
LE GUERRIER
La notion de “Guerrier” n’est pas forcément la plus facile à manier. Qu’elle soit jugée trop hardcore par les adeptes de la “spiritualité” bon enfant, qui la rejettent catégoriquement comme une voie où la lutte est trop prégnante et l’acceptation pas assez et qui n’a donc aucune chance de mener à l’éveil, ou au contraire encensée par un paquet d’égocentriques qui se planquent derrière en espérant que l’étiquette fera le taff pour eux, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce qu’on met derrière ce terme est tout sauf net. Toi, tu le définis comment, le Guerrier ?
L’image que j’ai aujourd’hui du Guerrier, c’est celle d’un être humain qui entreprend de s’attaquer à la conception qu’il a de lui-même et qu’il a du monde extérieur en partant du principe qu’il reconnait que le monde qu’il voit n’est que le reflet de son monde intérieur.
Lorsqu’un être humain prend conscience de cela, il va chercher à rencontrer son monde intérieur fait de désirs, de sentiments, de pensées, de conditionnements, de peurs, d’héritages ancestraux et il va alors lui falloir beaucoup de courage et de force pour refuser que tout cela le définisse. Lorsqu’un Homme s’attaque à faire le ménage dans ce monde-là, on peut le qualifier réellement de Guerrier car la guerre contre le soi illusoire est la plus difficile des guerres à mener.
J’ai tendance à considérer l’être humain dans sa totalité. Pour qu’un changement soit effectif, il doit selon moi atteindre l’ensemble des parties de l’Homme, des racines jusqu’à la cime, ce qui signifie, des intentions jusqu’aux actes. Pourtant, j’ai le sentiment que pas mal de gens se cantonnent à l’un ou l’autre, c’est-à-dire nourrir de nobles intentions sans passer à l’action pour les mettre en application, ou alors se limiter aux actions extérieures bien visibles histoire de faire les paons, sans interroger les causes profondes qui les poussent à agir et les croyances qui alimentent leurs actes. Être un Guerrier, tu dirais que c’est un état d’esprit, une philosophie, des règles, une morale, ou alors une pratique ?
C’est tout cela à la fois car c’est dans toutes les dimensions de l’être, des croyances jusqu’aux actes, que cette responsabilité que l’on prend de ce que l’on vit et de ce que l’on voit doit se manifester.
Forcément si je me considère d’une part comme responsable de tout ce que je vis et que je considère d’autre part qu’une existence est une occasion de découvrir qui je suis au-delà de ce que je crois être, la quête du vrai moi va influencer ma pensée, mes sentiments et mes actes…
Si en plus je reconnais que je suis soumis, en tant qu’être humain, à un ensemble de lois universelles, je vais forcément chercher à vivre en conformité avec ces lois. Cela m’amènera à penser et à agir au service de cette vérité, de cette quête du Soi.
Une sorte “d’art de vivre” impliquant des règles, une éthique et des pratiques en naîtra irrémédiablement.
Dans le monde spirituel d’aujourd’hui, il est souvent question de la dissolution ou même de la mort de l’ego comme premier pas vers la guérison et la connaissance de soi. Bien que je ne sois pas forcément d’accord avec ça, il me semble tout de même inévitable de savoir abandonner régulièrement une partie de soi pour évoluer. Selon toi, un Guerrier doit-il se déconstruire avant d’espérer grandir ?
Avant de découvrir qui je suis, je dois forcément tuer celui que je ne suis pas. La vie m’en donnera toujours l’occasion, à moi de la saisir mais cela signifie également affronter ses peurs.
Qu’est-ce que la discipline spirituelle ?
Selon moi, c’est choisir une voie d’élévation spirituelle avec tout ce qu’elle implique et s’y tenir.
J’ai l’impression que souvent, on a tendance à considérer la vie comme une lutte, presque comme une ennemie. Beaucoup d’entre nous passent énormément de temps à se plaindre des difficultés et des obstacles rencontrés en chemin. Toi, tu proposes de voir la vie comme un maître qui cherche à nous enseigner notre vraie nature. C’est un putain de changement de regard ! La vie serait-elle donc une série d’épreuves initiatiques ?
Assurément, je pense que la vie est un procédé qui consiste, par les épreuves que nous vivons, à nous amener vers la lumière, c’est-à-dire vers la connaissance de Soi.
Dans le chamanisme que je pratique, on travaille auprès d’un maestro (si du moins on veut faire du bon boulot), et ce sont aussi les plantes maîtresses qui tiennent ce rôle pour nous. Toi, est-ce que tu penses qu’un Guerrier a forcément besoin d’un maître ?
Je pense que c’est nécessaire mais un Maître ne doit pas forcément être un autre être humain. Du moment que nous sommes invités à grandir par une intelligence supérieure qui nous offre une méthode pour le faire, nous pouvons considérer celle-ci comme un Maître. D’ailleurs la vie elle-même est un Maître !
Maintenant je pense que nous sommes tous reliés et que nous sommes tous sur des stades d’évolution différents au niveau de la conscience et les plus élevés tirent ceux qui sont juste en dessous, c’est une chaîne. Si nous décidons de nous placer sur un chemin d’élévation quel qu’il soit, nous trouverons inévitablement, à un moment, un Maître. Quelqu’un de plus élevé qui nous tendra la main.
Tu as des idées intéressantes sur le Bien et le Mal. Pour toi, le Mal n’est pas quelque chose qu’on doit combattre, car l’énergie qu’on met à lutter contre lui ne fait que le nourrir. Tu préconises au contraire de l’accepter, en dirigeant ses efforts et ses pensées vers le changement qu’on veut opérer, ce qui fait de lui, en définitive, la source du Bien. Ma question est donc : Un Guerrier lutte-t-il vraiment contre le Mal ?
Dès que tu perces un peu tes schémas de fonctionnement et que tu te désidentifies de ce que tu penses, désires, ressens et crois, tu arrives dans une strate de toi-même faite de lois et d’archétypes. Tu reconnais ces lois dans la nature, dans l’univers et tu te rends compte que tout ce que te demande la vie finalement, c’est de vivre en harmonie avec ces lois.
Pour vivre en harmonie avec ces lois il ne s’agit pas d’être bon ou mauvais selon nos conceptions humaines du Bien et du Mal qui sont très variables, il s’agit d’être juste. Juste envers nous-même et les autres en accord avec les grandes lois universelles et pas forcément en accord avec ce que l’Homme en fait pour son intérêt.
S’il y a bien un truc que tout le monde lui envie, au Guerrier, c’est sa force ! Je pense que dans le fantasme de base qui fait baver face à cet archétype, ses qualités primales, c’est la puissance et l’indestructibilité… Évidemment, chacun place quelque chose de différent sous ces termes, mais n’empêche… D’où elle lui vient, sa force, au Guerrier ?
De son niveau d’incorruptibilité je pense. C’est-à-dire de sa capacité à vivre en accord avec qui il est en tant que fils de l’univers et non en tant que fils de Monsieur et Madame Untel… S’il est aligné devant ce qui est vrai et de toute éternité, il est fort, solide.
Dans les Arts Martiaux traditionnels asiatiques, c’est quelque chose qui est mis en place dès le début de l’apprentissage. Lorsque tu entres dans une école traditionnelle digne de ce nom, on te demande d’abord de renoncer à ton identité sociale. On t’impose une tenue vestimentaire qui est la même pour tout le monde, parfois on t’impose également de te raser la tête en signe de renoncement ou, au contraire, de te laisser pousser les cheveux. On te donne un nom qui sera celui que tu porteras dans l’école. On fait en sorte que tu reconnaisses la communauté qui t’accueille comme une nouvelle famille de cœur puis, une fois que tu as oublié majoritairement qui tu étais par tes références au passé, on te demande de te construire afin de faire passer l’énergie de vie / de l’Univers à travers toi “entre le Ciel et la Terre”.
L’enseignement martial va alors prendre tout son sens parce qu’il te demandera de t’épurer, de te séparer de tout ce qui n’est pas toi et de travailler ton véhicule d’incarnation pour qu’il soit capable d’être le porteur et le canal de l’énergie de ton âme que tu vas peu à peu découvrir en t’affranchissant de ton petit moi et de ses limites. Tes gestes martiaux devront être émis à partir d’une structure corporelle alignée devant la Terre… C’est-à-dire devant ce qui te porte dans le moment présent.
Il n’y a rien de plus vrai que ce qui te porte dans le moment présent. Lorsque tu as derrière toi un élément de vérité telle que la Terre et que tu es aligné, droit, tu es fort. C’est exactement comme lorsque tu présentes un argument verbal qui s’appuie sur une démonstration mathématique : il ne peut être réfuté car il s’appuie sur un élément qui est vrai de toute éternité.
L’Homme en s’appuyant sur une illusion de ce qu’il est en se référant à ses croyances, à ses parents ou encore à son éducation, s’aligne sur des mensonges. Il en devient faible.
J’ai souvent la tristesse de constater que l’expérience est loin de faire toujours le poids dans l’esprit des gens, face au savoir théorique ou encyclopédique. Pourtant, pour accéder à la connaissance, c’est-à-dire au savoir fait chair, l’expérience m’apparait comme foutrement indispensable. Dans la Voie du Guerrier, quelle est l’importance de l’expérience personnelle ?
Tout apprentissage initiatique implique de la théorie et de la pratique. Il faut vivre les choses pour les connaître. Sans ces deux dimensions, nous ne pouvons réellement connaître une chose.
Dans la Voie du Guerrier, ton sujet d’étude c’est toi, donc tu dois étudier théoriquement ce que tu es et ce que tu n’es pas et mener les expériences qui t’amèneront à bien intégrer ce que tu es et ce que tu n’es pas.
Généralement c’est après avoir vécu l’expérience de ce que tu n’es pas que tu veux vivre ce que tu es.
Examiner ses croyances et trouver ses propres valeurs, c’est un truc que beaucoup de gens tentent de faire pour améliorer leur vie, mais comment on met ça en œuvre, exactement ?
En examinant ce que tu vis et en te rendant responsable de ce qui ne te convient pas dans ta vie. Pourquoi rencontres-tu telle ou telle situation qui se répète constamment et qui te fait souffrir ? En te posant ce genre de question, tu vas te transformer en chasseur et tu vas chercher à débusquer la croyance / le schéma qui t’amène à penser, sentir, désirer et agir de telle manière que tu attires à toi par une loi universelle des pleins et des vides, les situations ou les personnes qui te font souffrir.
Il va alors falloir poser des actes symboliques qui iront à l’encontre de ces croyances pour les parasiter.
L’intention n’est pas une réflexion, c’est une conviction, je te cite. Et je trouve ça super fort comme idée. Une conviction, ça change complètement notre rapport au monde, parce que c’est l’âme qui s’exprime et non plus le mental. Tu dis que si on a décidé de devenir la personne qu’on rêve d’être, il faut employer chaque seconde de notre vie, chaque pensée et chaque acte à cette réalisation. Et que quand l’intention est alignée avec la voie et le geste, l’action menée est redoutablement efficace. Ça me parle énormément, car une fois en cérémonie, quelque chose comme ça m’est arrivé. L’intention est cruciale quand on travaille avec l’Ayahuasca. Tu veux bien préciser un peu ta pensée ?
C’est ça, l’intention à mon sens a passé la barrière de la réflexion, elle est dans les sentiments et la volonté parce qu’elle résulte d’une réflexion et d’un vécu. Tu es profondément convaincu et donc habité par la volonté de voir apparaître quelque chose dans la matière.
Ce n’est plus un concept, c’est une volonté de manifestation.
Attention, question épineuse ! Qu’est-ce que la réalisation personnelle ? Tu penses pouvoir y répondre simplement ?
Je pense qu’il y a autant de définitions que d’êtres humains. Mais je dirais que ces définitions se rejoignent toutes sur un point : le bonheur ! Et finalement le bonheur c’est d’être en paix avec soi-même et les autres.
Quel est le plus haut niveau qu’un Guerrier puisse espérer atteindre ?
On parle d’illumination dans les Arts Martiaux, c’est-à-dire un état de conscience durant lequel tu es uni au Grand Tout. Tu fais un avec l’Univers.
Plus je parle avec toi, et plus j’ai la sensation que nos disciplines, les Arts Martiaux et le Chamanisme, se rejoignent sur de nombreux points et peut-être même se complètent… Alors il faut que je te pose la question : La Voie du Guerrier est-elle Une ?
Il y a de nombreuses voies qui mènent toutes au même sommet. Dès qu’un être humain se met en quête de sa vérité, une voie s’ouvrira devant lui. Il y a donc autant de voies que de chercheurs et ce sont toutes des Voies du Guerrier.
Pourquoi ? Parce que le Guerrier est un chevalier.
Il se voit attribuer une épée (son corps) et des épreuves (des combats contre ses démons) qu’il doit surmonter dans le but de découvrir un trésor, obtenir des pouvoirs et atteindre l’immortalité. C’est-à-dire accéder à la conscience qu’il est une âme immortelle (trouver le Graal).
Pour cela, son épée devra être droite, tranchante (affûtée) et polie pour refléter la lumière mais elle devra également avoir une âme, c’est-à-dire servir une intention soutenue par un code de vie du chevalier.
Quel que soit le chemin qu’un être entreprend pour découvrir en lui sa part d’immortalité (c’est-à-dire, ce qui est vrai de toute éternité et qui se trouve dans le présent lorsque l’on est droit entre le Ciel et la Terre et qu’on laisse la lumière - qui n’est autre que la connaissance - passer à travers soi), le symbole de sa quête, l’épée, fait de lui un Guerrier.
LES IMPLICATIONS DE LA VOIE
Dans l’univers des plantes sacrées, notamment via la pratique de la diète, respecter une certaine ascèse est fondamental pour le sérieux et la réussite de l’entreprise. Interdits alimentaires et comportementaux, isolement, vigilance constante face à ses pensées et ses actes, nettoyage régulier du corps, du mental et des énergies… Est-ce que tu crois qu’il est indispensable d’avoir une pratique ou une ascèse pour être un Guerrier ?
Une pratique est un outil de travail sur le soi dont il faudra s’affranchir par la suite lorsqu’elle aura permis au corps et à l’esprit du Guerrier de s’unir et lorsque le Guerrier sera capable d’être aligné, silencieux et immobile en toute circonstance. Lorsque la maîtrise est atteinte, la pratique devient inutile.
Certains, dans les Arts Martiaux, pensent que la pratique est l’objectif, et ils se sentent être quelqu’un parce qu’ils pratiquent. Si jamais ils sont dans l’incapacité de pratiquer à cause d’une blessure par exemple, ils ne savent plus qui ils sont. Ils se sentent faibles. Cela vient du fait qu’ils se sont identifiés à l’outil plutôt qu’à l’œuvre à réaliser. Ils ont construit une illusion fondée sur quelque chose qui va de toute façon disparaître un jour : un corps physique capable de faire des gestes martiaux.
Non, la pratique doit les amener à dépasser le corps et le geste pour trouver la vraie force qu’il y a derrière : “je suis pure énergie, je n’ai comme limites que les lois de l’univers, je suis une âme immortelle incarnée”.
Lorsque cette dimension est intégrée, la pratique n’est plus vraiment nécessaire. Mais nous sommes tellement conditionnés et loin d’être capables de rencontrer cette dimension (sauf peut-être dans des moments de grâce qui peuvent d’ailleurs être accordés par des esprits tels que ceux des plantes) que les pratiques ont encore de beaux jours devant elles.
A ton avis, quelles qualités et quelles valeurs un Guerrier doit-il incarner ?
L’ensemble des vertus universelles avec trois principes fondamentaux : bon sens, souplesse et bienveillance (envers soi-même et les autres).
Dans les Arts Martiaux la première vertu à incarner est l’humilité car sans elle, nous ne pouvons rien apprendre.
Ensuite viennent le respect de tout être vivant, la politesse qui témoigne le respect, l’altruisme, la générosité, la droiture, la capacité à être digne de confiance, la loyauté, le courage, la volonté, la persévérance, la justesse, la tempérance, la prudence…
Moi, j’ai la sensation que la volonté est extrêmement importante dans la Voie du Guerrier…
Indiscutablement, la volonté est très importante car c’est un moteur. Elle te permet de travailler dur et d’être discipliné. La discipline est la première marche vers l’élévation. Si tu n’es pas discipliné, tu ne peux pas réellement avancer.
“Avoir” et “Être” sont des termes qui entrent de plus en plus en opposition aujourd’hui, car les gens commencent à réaliser que le bonheur ne se cherche pas vers l’extérieur… Toi, quelle différence tu établis entre se fixer sur ce qu’on veut obtenir et travailler sur ce que l’on veut être ?
“Obtenir” consiste à se charger, à posséder. “Être” consiste à se dépouiller.
Tiens, un truc que j’ai découvert chez Carlos Castaneda, et que j’ai retrouvé ensuite dans le chamanisme shipibo ! Qu’est-ce que l’impeccabilité ?
Pour un Guerrier, c’est poser des actes alignés sur ce qu’il est venu faire en tant qu’âme incarnée. C’est-à-dire nourrir la vie. La faire circuler à travers lui entre le Ciel et la Terre. C’est poser des actes accordés sur les lois universelles puisqu’elles lui permettent justement d’être porteur de vie et enfin, par extension et logique, c’est ne pas vivre selon les lois de ce qui nourrit la mort, la division et l’ignorance.
Dans beaucoup de traditions, on a coutume de dire que pour trouver la paix, l’Homme doit d’abord retourner vers lui-même. C’est un truc qu’on fait aussi dans la jungle, en s’isolant dans son tambo pour diéter une plante. Et ça déplace complètement le rapport qu’on entretient avec soi-même et avec la vie. Selon toi, l’isolement est-il indispensable à la connaissance de soi ?
Oui, il me semble que c’est un processus nécessaire à la déconstruction du petit soi mais ce n’est pas une fatalité. Tout est question d’équilibre. Pour être bien avec les autres il faudra apprendre à être bien avec soi-même, dans l’isolement et la solitude.
Dans les Arts Martiaux, tu apprends d’abord à travailler sur toi avant de travailler avec l’autre. Tu travailles seul ce que l’on nomme la structure personnelle. Tu travailles sur ton corps et ton esprit afin de les harmoniser. Tu allies la souplesse et la force, le corps et l’esprit, la théorie et la pratique, ta part masculine et féminine, ta part de lumière et ta part d’ombre… C’est ce que représentent le tigre et le dragon ou le serpent et la grue blanche dans la symbolique martiale… Tu t’appliques à équilibrer les choses dans tous les domaines de la vie et tout cela dans le mouvement, dans l’adaptabilité.
Une fois que tu es devenu capable d’exprimer cette maîtrise de l’harmonie, tu peux rencontrer quelqu’un qui a fait le même boulot pour entrer en harmonie avec lui à travers l’échange martial. C’est de l’alchimie tout ça. Les Arts Martiaux sont une voie alchimique nommée Voie Royale. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils constituent un grand pan des études taoïstes, les Taoïstes étant des alchimistes.
Tout est question d’octave à mon sens : lorsque tu as travaillé seul pour intégrer certaines leçons de la vie, pour digérer certaines blessures, tu transformes tes vibrations par la nouvelle vision du monde que tu as acquise et tu attires à toi des personnes qui vibrent sur la même octave.
C’est comme lorsque tu veux apprendre à jouer d’un instrument de musique. D’abord tu apprends à tenir ton instrument correctement, à produire des notes correctes avec celui-ci en accord avec les lois de la musique sur une tonalité sur laquelle tout le monde s’accorde et ensuite, une fois que tu maîtrises tout ça, tu peux aller jouer avec d’autres qui ont fait le même travail avec leur propre instrument. Votre recherche sera alors l’harmonie à travers la musique.
Là, forcément, cette analogie doit t’amener à imaginer que ton instrument c’est tout ton Être.
Que ce soit dans la psychologie, dans le chamanisme, dans l’alchimie, toujours revient cette notion d’Ombre qu’il faudrait savoir regarder en face et apprivoiser… Un Guerrier doit-il apprendre à incorporer sa part d’ombre ? J’aimerais entendre ta version “arts martiaux” du truc !
À mon sens oui et il doit prendre appui dessus pour s’élever vers la lumière. C’est un peu ce que représente ces statues de l’archange Mickaël qui terrasse le Dragon. Il ne le tue pas, il prend appui dessus pour triompher ou s’élever.
Nous vivons dans un univers dans lequel une chose n’existe que parce qu’il existe son contraire et dans lequel ces deux polarités sont complémentaires et indissociables. L’une ne peut aller sans l’autre. Il convient pour le Guerrier de regarder sa part d’ombre et de la mettre au service de la lumière.
Ce que nous nommons Ombre est une énergie que nous pouvons canaliser. Le danger est de la refouler. C’est d’ailleurs le grand thème de la légende qui narre la naissance des Arts Martiaux chinois…
On dit que les moines Bouddhistes chinois ont pris conscience que la guerre et la paix étaient indissociables. S’opposer à la guerre revenait à la nourrir alors qu’utiliser l’entraînement à la guerre pour faire circuler l’énergie de vie en soi revenait à utiliser les ténèbres pour servir la lumière.
Le travail que tu proposes de faire pour gérer ses émotions me semble extrêmement pertinent. Au lieu de les refouler comme on le fait tous, tu dis qu’il faut les laisser s’exprimer, au risque de développer une maladie plus tard, comme une espèce d’implosion. C’est un truc qu’on travaille beaucoup avec l’Ayahuasca. Elle a tendance à nous confronter aux émotions qu’on n’a jamais acceptées, et qui continuent de moisir à l’intérieur. C’est un passage très difficile, de faire jaillir les souffrances refoulées pour les conscientiser, les regarder en face, et finalement les accepter. Selon toi, comment fait un Guerrier pour gérer correctement ses émotions ?
En s’en désidentifiant d’une part et d’autre part, en en expulsant l’énergie à travers ses pratiques comme une hygiène de l’être. Il nettoie ses émotions en en canalisant l’énergie à travers des gestes conçus pour que cette énergie suive des chemins logiques et naturels de circulation à travers la matière pour être exprimée, extériorisée et en même temps, canalisée afin de servir un acte constructif et non destructeur.
C’est pour cette raison que les Arts Martiaux asiatiques sont si différents des Arts Martiaux occidentaux. Ils ne servent pas les mêmes objectifs. Les Arts Martiaux asiatiques se servent du mouvement guerrier pour faire circuler la vie dans l’Être et autour de l’Être qui s’y adonne. Les Arts Martiaux occidentaux, eux, n’ont pour objectif que de permettre à un être humain d’en vaincre un autre.
Dans la conception des Arts Martiaux asiatiques, il est extrêmement sain d’utiliser l’entraînement pour nettoyer tout un tas d’énergies émotionnelles comme la colère, la frustration, la tristesse mais en apprenant à être maître du geste et donc de l’acte qui sert de support de nettoyage. Du coup, dans la vie quotidienne, tu es disposé à exprimer ta part de lumière.
« À l’entraînement, sois un tigre pour être un agneau dans la vie »
« Poings de démon, cœur de Bouddha »
Un truc qui me tient particulièrement à cœur, que j’ai quasiment élevé au rang d’art de vivre : Faut-il se défier soi-même ?
Décider de vivre selon ses convictions est source de défi personnel. La vie nous apporte toujours les tests et les défis qui correspondent à nos aspirations.
Et si le seul véritable ennemi du Guerrier était… lui-même ?
Indiscutablement ! L’ennemi, c’est celui qu’on croit être. Cela nous limite et nous emprisonne car nous devenons ce que nous pensons.
“Il faut apprendre à mourir" est une bien jolie phrase que beaucoup répètent à tort et à travers sans en avoir percé le sens. Pourtant, elle pourrait être la clé de notre évolution, mais aussi de notre bonheur véritable. Qu’est-ce qu’elle signifie dans la Voie du Guerrier ?
Pour le Guerrier, c’est accepter la réalité des cycles. Tout se transforme perpétuellement par l’intermédiaire de cycles de naissances, de croissances, de déclins et de morts. La mort et la vie sont donc liées. Apprendre à mourir, c’est reconnaître que pour que le nouveau apparaisse, il faut que l’ancien meurt.
Un jour est un espace entre la naissance du soleil et sa mort. Entre les deux, tout est possible. Pour que de nouvelles possibilités nous soient offertes chaque jour, il faut que le soleil meurt. Il en est de même pour le Guerrier.
Pour se transmuter, il doit apprendre à mourir à lui-même. Sans mort, il n’y a pas de renaissances, pas de nouvelles possibilités. Le Guerrier doit être capable de faire mourir ce qui n’est plus nécessaire à son élévation et ce, chaque année. L’énergie des saisons l’accompagnent dans ce processus éternel de renouvellement. C’est pour cette raison que les anciens célébraient justement les saisons et c’est également pour cela qu’il y avait autrefois des rites de passages.
Assumer la responsabilité de sa vie, est-ce que c’est ça la liberté ?
En tout cas c’est la porte. Quand tu te reconnais comme responsable de ce que tu vis, tu récupères le pouvoir de ta liberté. Tu as le pouvoir de choisir. C’est ça la liberté. Pouvoir choisir, même si ce choix implique de mourir.
ÊTRE UN GUERRIER MODERNE
J’imagine que chaque époque donne naissance à différents types de Guerriers, même si les valeurs fondamentales qui les animent et la mission générique qui est la leur ne changent pas. Selon toi, qu’est-ce qu’un Guerrier moderne ?
Quelqu’un qui a choisi une putain d’époque pour se “re-trouver”. Notre époque moderne est un âge de fer. C’est-à-dire qu’au niveau de l’attache à la matière, nous sommes au plus bas. La pensée purement scientifique nous prive de la possibilité de vivre les choses et de nous reconnecter à nous-même, à notre environnement et au sacré en nous polluant l’esprit et le corps donc forcément, la tâche est ardue pour le Chercheur de Vérité. Les pistes sont habilement brouillées.
Le Guerrier est-il guidé par la morale, ou par l’éthique ? Obéit-il à des lois sociales ou à un code d’honneur personnel ?
Il est guidé par l’éthique et par l’intelligence cosmique qui se reflète dans la nature.
Les lois des Hommes, si elles ne sont pas en accord avec les lois du Ciel (les vertus), ne valent rien à ses yeux. Bien entendu, la bienveillance, la justesse et le bon sens sont des piliers pour le Guerrier et il sait reconnaître les lois sociales nécessaires à maintenir la paix sociale mais il n’est pas dupe face aux lois qui, sous un prétexte de sécurité, d’écologie ou d’un autre idéal invoqué (comme une urgence sanitaire par exemple), visent à asservir le peuple, à l’affaiblir, à l’empoisonner, à le piller.
Le Guerrier regarde qui les lois sociales servent et s’il réside en France à notre époque… il se marre.
Il sait que le peuple est considéré comme le bétail d’un cheptel dont les bergers régulent les troupeaux à coups de mesures économiques et maîtrisent l’art de créer des problèmes pour vendre des solutions.
Tu places l’expérience personnelle au-dessus de tout. Pour toi, un savoir, un guide ou une situation ne doivent pas être crus d’emblée, tout doit être expérimenté, vécu, sans intellectualiser. Tu dis que c’est en vivant les choses qu’on les maîtrise. Ça me ramène à la façon dont les chamans enseignent, ou plutôt comment ils ne le font pas, justement. Si tu leur demandes de t’expliquer le sens de tes visions, ils te répondront simplement de demander à l’Ayahuasca lors de ta prochaine cérémonie. Bien qu’elle ait tendance à agacer ou désarçonner les Occidentaux, cette façon de positionner l'expérience personnelle comme seul guide éveille le pouvoir de notre conscience sur elle-même. Elle réveille en nous notre propre medicina. Une fois de plus, il s’agit de responsabilité, et d’écoute de sa propre âme. As-tu comme moi le sentiment que de nos jours, le savoir intellectuel a pris la place de la connaissance, la parole celle des actes, et que l’expérience personnelle n’est plus reconnue comme une valeur essentielle ?
Cela dépend dans quel milieu et dans quelle culture mais en effet, nous pouvons constater que la pensée intellectuelle fait autorité, surtout en Occident. L’expérience semble avoir moins de valeur qu’une bonne analyse. Pourtant “penser” ne rend manifestement pas l’Homme meilleur devant les catastrophes qu’il engendre sur lui-même et sur son environnement. Je pense que cette prédominance arrogante de la pensée va s’effondrer en même temps que le monde qu’elle a engendré. L’Homme devra fonctionner à partir d’autres paramètres que ceux issues de sa seule analyse intellectuelle.
Une chose qui m’a beaucoup interpellée dans ton discours, c’est cette idée de ne pas se positionner comme victime face à la vie et face aux autres. Au risque de fâcher pas mal de monde, j’ai le sentiment qu’à notre époque, le rôle de victime est encensé, au détriment de celui du Guerrier. La tendance est d’afficher ses problèmes, et même de se définir à travers eux. Comme s’il était plus valeureux d’être quelqu’un qui souffre plutôt que quelqu’un qui assume sa force. Toi, tu dis qu’attribuer son malheur à des causes extérieures retarde l’évolution et génère de la souffrance, qui sera alors nécessaire pour trouver les causes de son malheur en soi. Je me dois donc de te le demander : Qu’est-ce que tu penses de la tendance actuelle à la victimisation ?
Oui il y a une tendance à la victimisation qui malheureusement, peut faire office de grande malédiction du siècle car lorsqu’on se victimise, cela signifie qu’on se déresponsabilise automatiquement de ce qu’on vit. On se prive donc directement du pouvoir de changer réellement les choses puisqu’on attribue la cause de notre malheur à un sujet extérieur, un vécu, une illusion en somme.
Du coup c’est comme si on s’attaquait à vouloir percer un bouton sur notre nez en insultant et en tripotant notre miroir. Aucun intérêt, c’est sur soi qu’il faut agir.
Les gens, aujourd’hui, sont majoritairement les rois de la déresponsabilisation : ils remettent leur pouvoir entre les mains de gens qu’ils estiment compétents pour tout un tas de choses. Ils se déresponsabilisent de leur santé par exemple. Ils ont des hygiènes alimentaires effroyables, des activités nocives sur tous les plans, un manque de conscience et de raison en ce qui concerne les liens entre émotions, conditions de vie et santé.
Ils remettent leur pouvoir de prendre soin de leur santé entre les mains d’une industrie médicale dont les médecins généralistes sont les premiers commerciaux et dont les objectifs sont avant tout de faire de l’argent. Ils exigent finalement de la part de vendeurs de médicaments, le remède magique qui éliminera les symptômes qu’ils expriment sans aller s’intéresser à la cause principale de leur problème.
Ils ne veulent rien changer dans leurs habitudes de vie, ils veulent juste un coup de baguette magique qui effacera leurs maux. Face à un danger qui menace leur santé, ils ne vont pas adopter des comportements destinés à renforcer celle-ci. Non, ils vont se jeter sur le premier “remède” qu’on va leur vendre par peur de perdre cette santé qu’ils négligent pourtant et qui, si on l’étudie, fonde son épanouissement sur un principe universel simple nommé homéostasie.
Mais l’équilibre, la sagesse, ils ne veulent pas en entendre parler car elle remet en cause leur vie au sein du système. Je m’excuse auprès des médecins qui refusent de rentrer dans ce moule et qui ont encore une conscience, une capacité de penser et d’agir par eux-même pour le bien de leurs patients et surtout qui ont un attachement sans failles aux valeurs de ce grand sage initié qu’était Hippocrate.
Si chacun suivait la Voie du Guerrier, à quoi ressemblerait le monde ?
Peut-être un monde dans lequel nous serions capables d’être unis les uns aux autres et capables de reconnaître nos droits de vivre sur la même terre malgré nos différences. Un monde où la préservation du vivant et de la paix serait au centre de nos vies. Un monde où la valeur de l’humain passe avant celle de l’argent… Un monde où les vertus sont des règles et où vivre devient un art…
C’est très idéaliste et finalement aujourd’hui tout est juste car les ténèbres servent la lumière et ce que nous vivons de contraire à ces idéaux nous mènera un jour à nous diriger vers eux. La vie est un grand balancier.
Selon toi, c’est encore possible de se connecter à son feu sacré intérieur dans le système qui est le nôtre ?
Je pense justement que pour certains, c’est le monde idéal pour cela car il leur offre toutes les raisons d’aller le trouver. Tu en es la preuve, Zoë. Les écorchés vifs, les insurgés que nous sommes font que nous redoublons d’énergie lorsqu’il s’agit d’avancer vers NOUS. Ce NOUS vivant et libre. Nous brûlons de dire ce que nous pensons et d’agir pour tenter de porter dans ce monde une connaissance, une sagesse intemporelle et universelle qui rappelle à l’Homme qu’il est bien plus que ce que l’on veut lui faire croire.
Alors on peut utiliser son cœur comme seule boussole, vraiment ?
Dans le style martial que j’enseigne principalement, on dit : le poing part du cœur. Cela signifie entre autre que nos compétences martiales doivent être mises au service de l’humanité et d’autre part que notre pratique doit nous amener à nous reconnecter à notre âme dont le siège, pour les Chinois, est le cœur.
Donc oui, “le cœur comme seule boussole” est une devise pour qui suit la Voie du Guerrier à travers les Arts Martiaux.
Être un Guerrier condamne-t-il à la solitude ?
Oui et non. Oui parce que tu as un travail personnel constant à mener sur toi, ce qui implique introspection et repli, et non parce que les relations te font également travailler et avancer vers toi. À mon sens, tout est une question d’équilibre encore une fois.
Y a longtemps, en lisant Nietzsche, m’est apparue la distinction fondamentale qui existe entre celui qui se définit par ce qui l’accable (que ce philosophe appelle “faible” ou “esclave”) et celui qui se définit par ce qui l’anime (“fort” ou “aristocrate”). Ça m’a amenée à penser qu’il existait un gouffre entre la libération, qui selon moi est une réaction, et la liberté, qui est pure action. T’en penses quoi, toi ?
La libération me semble être une quête et la liberté me semble être un état. Je pense donc que celui qui cherche la libération invoquera des raisons pour le faire, tandis que celui qui est libre exprimera uniquement le bonheur de vivre cette liberté.
Attention, question à 1 million de dollars ! Et si la révolution intérieure était la seule révolution en mesure de changer le monde ?
C’est ce que je pense et tout le monde connait cette phrase qui dit qu’il faut commencer par se changer soi-même si l’on veut que le monde change. Encore faut-il en avoir le courage et les méthodes.
Tous ceux qui travaillent à changer le filtre à travers lequel ils perçoivent le monde te diront qu’ils voient leur monde extérieur se transformer. Ils expérimentent de nouvelles situations, rencontrent de nouvelles personnes. Je pense qu’il y a des mondes dans le monde et que nous vivons dans un monde qui correspond à notre niveau vibratoire. Nous vivons ce que nous vibrons, en somme.
Plus nous nous allégeons de nos fardeaux intérieurs que sont nos croyances, nos conditionnements, nos héritages ancestraux, plus nous vibrons haut. Nous attirons alors à nous les vibrations de même nature. D’où l’intérêt de vivre selon les vertus car ce que tu sèmes par tes actes ou tes vibrations, tu le récoltes par la loi de cause à effet.
QUESTIONS FUN AU GUERRIER !
Bon alors pour entamer cette partie décomplexée de l’interview, je vais pas y aller par quatre chemins : Comment ça se fait qu’un mec qui pratique les Arts Martiaux ne soit pas contre les “drogues” ? ET QU’IL LISE CASTANEDA ?!
En fait j’ai toujours été fasciné par tous les enseignements traditionnels ésotériques et Castaneda est incontournable pour les chercheurs de vérité qui sont attachés à l’archétype du Guerrier. Je n’ai jamais été attiré par les drogues, les psychotropes ou même le tabac et l’alcool et même si j’ai été passionné par les écrits de Castaneda, je n’ai jamais senti le besoin de provoquer une rencontre avec les psychotropes.
Je suis de ceux qui pensent que si tu dois recevoir un enseignement, une guidance ou un don de la part de la nature ou d’un être humain, cela viendra à toi si tu le demandes et si c’est juste pour ton évolution. Il ne faut pas forcer certaines portes à mon sens mais ce n’est que mon avis personnel. J’ai du respect pour le monde invisible et je ne veux pas aller déranger certaines forces qui n’ont que faire de nos petits questionnements d’humains. Il me semble qu’il existe une échelle graduelle d’évolution personnelle qu’il faut suivre pour ne pas risquer de perdre sa santé mentale ou, en tout cas, de perdre une certaine capacité à raisonner car la définition de la santé mentale qui est donnée par notre monde moderne me fait frémir.
Par contre, la vie m’a amené malgré moi à recevoir deux soins d’une médecine ancestrale de la jungle avec une prise d’Iboga. J’ai eu deux visions très symboliques à l’issue de ces soins et je suis totalement convaincu que certaines plantes qu’on qualifie de psychotropes, lorsqu’elles sont utilisées par des guérisseurs-nés, qualifiés et formés selon une tradition, sont des médecines de l’âme. Il y a des médecines pour le corps, des médecines pour l’esprit et des médecines pour l’âme. Nous avons différents corps et il doit y avoir différentes médecines pour soigner chacun de ces corps.
Enfin, je ne peux pas être contre quelque chose que je ne connais pas, cela serait contraire à mes principes. Je peux juste dire que j’ai vu des personnes dont la vie a été complètement détruite par des drogues de synthèse, d’autres qui ont été sauvées par des prises de plantes médicinales qu’on qualifie de psychotropes. Il y a les choses et ce qu’on en fait. L’intention qui est derrière les actes que nous posons est pour beaucoup dans l’effet qu’ils ont sur nous.
Tu sais, y a un truc qui me tarabuste depuis qu’on a décidé de faire cette interview ensemble… Mais plutôt que d’ouvrir ma fraise sur le sujet, j’ai juste envie de te la faire en mode dissertation philosophique : Les concepts qui relient les Arts Martiaux au Chamanisme. Je t’écoute.
Il me faudrait plusieurs heures pour en parler mais on peut citer quatre éléments de la philosophie martiale que l’on retrouve dans certains types de chamanisme : La hiérogamie, qui n’est autre que la reconnaissance de l’union sacrée d’un principe masculin et d’un principe féminin comme base de toute existence dans l’univers. L’animisme, l’attachement aux ancêtres et à la tradition et enfin la recherche de la connaissance de Soi.
Je vais profiter de ta question pour évoquer un élément précis qui est souvent mal interprété et peu connu dans les Arts Martiaux. Il est lié à l’animisme et je pense qu’il fera un parfait lien avec certaines formes de chamanisme. Je veux parler des références animalières que l’on trouve omniprésentes dans le registre martial. Tu sais : le style du tigre, de la grue blanche, du serpent etc. Les gens s’imaginent toujours que les Hommes ont observé les animaux et s’en sont inspirés pour créer des techniques de combat ou des effets de style. En fait, si le cinéma a donné cette image superficielle, il est quand même très intéressant de creuser plus profond car nous entrons alors dans une dimension très ésotérique de l’enseignement des Arts Martiaux.
En effet, à une époque où l’Homme n’était pas déconnecté de la nature, il considérait l’animal comme porteur de sagesse et d’archétypes. En l’observant pendant de longues périodes, il parvenait à s’imprégner de tous ces éléments et à réveiller l’animal en lui. Il pouvait même passer une alliance avec l’esprit de l’animal et en recevoir certaines connaissances, certaines capacités. Il y a derrière cela une connaissance profonde qui donne au regard de l’Homme un pouvoir magique : l’Homme se construit en fonction de ce sur quoi il pose son regard.
Les neurosciences commencent seulement à étudier ce principe qui était déjà connu par les anciens, il y a des centaines d’années. Donc passer du temps avec une puissance naturelle en l’observant et en l’écoutant attentivement permettait à l’Homme d’établir avec elle une connexion et de la réveiller en lui, simplement parce qu’il est un microcosme. On se construit bien en observant les membres de notre famille. Ceux qui comme les Taoïstes se considèrent comme les fils et les filles du Ciel et de la Terre ont comme frères et sœurs les arbres, les rivières, les animaux et peuvent se construire à leur image en allant apprendre avec eux.
Les artistes martiaux cherchaient à développer leur QI, c’est-à-dire l’énergie de vie qui était en eux et si tu veux réveiller le vivant en toi, eh bien il faut te nourrir du vivant. Se nourrir ce n’est pas seulement “manger”. C’est plus subtil que cela. Se nourrir, c’est s’imprégner des choses à leur contact. Quand tu as la tronche dans ta télé toute la journée par exemple, tu te nourris de toute la merde qu’elle te défèque dans le crâne et tu deviens aussi mort que son contenu. Lorsque tu passes du temps dans la nature, tu te nourris du vivant.
Ah voilà, enfin on y est ! Vas-y, raconte-nous ! Qu’est-ce que le QI ?
Comme je viens de l’évoquer, le QI représente ton énergie de vie, le courant électrique qui alimente ton corps ou encore ton taux vibratoire puisque l’énergie, c’est de la vibration. C’est, en somme, la barre d’énergie que tu as dans le jeu vidéo qu’est ta vie. On ne démarre pas tous une partie avec la même barre d’énergie car nos ancêtres nous transmettent un héritage énergétique et malheureusement, bien souvent quelques casseroles également. Ce capital énergétique va augmenter ou diminuer en fonction de ce dont tu vas te nourrir dans ta vie et en fonction de comment tu vas faire circuler cette vie en toi.
Pour comprendre l’aspect nutritionnel, il faut concevoir la vie comme une grande respiration : il y a un inspire qui représente ce que tu fais entrer en toi et un expire qui représente ce que tu fais sortir. Ta vie commence par une inspiration et finit par une expiration. Cela signifie que ce qui sort de toi est lié à ce qui rentre.
Le souffle symbolise souvent l’énergie vitale dans les traditions spirituelles car il représente la première manifestation et la première condition de la vie mais il ne faut pas y voir uniquement la respiration physique. Il faut y voir ce principe de nourriture. La qualité de ce dont on se nourrit physiquement, mentalement, émotionnellement et spirituellement va irrémédiablement avoir un impact sur ce que nous allons renvoyer au monde, c’est-à-dire sur la qualité de nos pensées, sentiments, désirs et actes. Si tu veux avoir une grande énergie de vie, il convient donc de t’orienter vers ce qui est nourrissant en termes de vie.
Bien entendu cela commence par la qualité de l’air que tu vas faire entrer en toi et la manière dont tu vas la faire entrer. Idem pour l’alimentation, celle-ci devra être la plus vivante possible (le terme exact est biogénique) et elle devra être ingérée en conscience. Ensuite il y a la qualité de ton environnement et de ce qui s’y trouve car ce qui s’y trouve va nourrir tes pensées. Tu sais autant que moi que certaines personnes peuvent être tout autant nocives dans ton environnement qu’une antenne relai ou n’importe quelle source de pollution électro-magnétique. En termes d’énergie vitale, la pensée est capitale car ton état d’esprit va t’amener à vibrer plus ou moins haut.
La plus grande source d’énergie de vie est l’Amour donc si tu te nourris de choses qui te procurent des sentiments d’amour, tu vibreras haut, tes pensées seront belles et les actes qui en découleront seront à leur tour nourrissants car ils seront porteurs d’énergie de vie.
Maintenant, pour comprendre l’aspect circulatoire, il faut penser à la manière des Taoïstes qui considèrent l’Homme comme un canal d’énergie entre le Ciel et la Terre. Un canal sinusoïdal ou spiralé qu’il convient de libérer. Tu peux le libérer par la méditation statique, c’est une méthode classique mais tu peux également le libérer par le mouvement conscient. C’est-à-dire, par un ensemble de pratiques visant à harmoniser ta chair et tes mouvements dans un état de vacuité sur lequel tu poseras des intentions de circulation du vivant en toi. Le souffle sera le grand chef d’orchestre de ces pratiques. C’est ce que sont les Arts Martiaux par exemple.
Faire obstacle à ce que la vie te propose entrave sa circulation à travers toi. Le Tao est un grand plan divin dont tu fais partie et lorsque tu n’acceptes pas la volonté de ce plan, tu bloques la circulation de la vie en toi, tu fais obstacle à la lumière, tu cristallises l’énergie de vie en toi, tu la fais stagner. Ce qui stagne pourrit, tu le sais. Ce qui circule, vit. Donc lorsque tu crées une stagnation de l’énergie vitale en toi par un refus de ce que la vie t’amène pour ton évolution, tu crées automatiquement une réponse de ton corps : un symptôme. C’est ce que l’on nomme une maladie.
La maladie, c’est un mal qui te dit que tu dois modifier ta manière de vivre ou de considérer la vie afin de retrouver un équilibre garant de ta santé. Le symbole YIN YANG représente à merveille ce que je viens de décrire. Il représente une matrice, un tout, dans lequel la circulation de la vie, représentée par une ligne sinusoïdale, est harmonieuse, c’est-à-dire équilibrée dans le mouvement. Dans ce symbole, deux polarités indissociables sont à parts égales dans une relation constamment mobile et harmonieuse. Ce symbole représente ce que tu dois travailler entre le Ciel (l’invisible, les lois universelles, les archétypes, tes mondes intérieurs) et la Terre (le visible, la matière, tes actes) pour que la vie circule en toi et te vivifie. C’est la clé de ta santé et de ta force. Ce même enseignement est consigné dans le caducée d’Hermès lorsque l’on sait le décoder.
Puisque la vie c’est de la lumière et de l’amour, il convient, lorsque ton énergie vitale ne circule plus, de mettre en lumière ce que tu n’acceptes pas de vivre et d’y mettre ensuite de l’amour, de l’acceptation, de le transformer en force.
Les Hommes d’aujourd’hui sont tellement déconnectés du vivant qu’ils considèrent le QI comme un pouvoir magique. Leur référence au QI est un personnage de dessin animé qui balance des boules de feu avec ses mains ou un vieux Chinois qui projette des mecs au sol sans les toucher. Il faut arrêter avec ce genre de concepts qui nous éloignent de l’essentiel. Tous les humains ont un QI dès lors qu’ils sont en vie et ils peuvent devenir très puissants s’ils axent leur vie autour des lois du vivant qui sont faites pour que la vie / la lumière / l’amour circule (je ne conjugue pas car c’est la même chose).
Si les moyens de prendre soin du QI étaient enseignés à l’école, si on enseignait comment s’aimer et aimer les autres, comment respirer avec notre environnement naturel et ce qui s’y trouve, nous ne serions peut-être pas dans la merde dans laquelle nous sommes aujourd’hui sur notre planète.
Si je capte bien, le QI n’est donc pas réservé aux pratiquants des Arts Martiaux ?
Bien sûr que non, ma réponse précédente a mis cela en lumière justement. Est-ce qu’un chaman n’est pas en réalité quelqu’un qui contrôle son QI ? C’est quelqu’un qui le contrôle à merveille par la relation qu’il a à lui-même et au monde extérieur. Il a repris son pouvoir, c’est-à-dire, la capacité de diriger son énergie vitale ou bon lui semble alors que la plupart des Hommes ne se rendent pas compte que leur énergie vitale est détournée. Ils sont usurpés. Ils servent bien d’autres choses qu’eux-mêmes.
Il faut que je te demande un truc que TOUT LE MONDE VEUT SAVOIR : Mais bordel, comment ils font, les Shaolin, pour parvenir à une telle maîtrise de leur corps ?
Il faut faire attention avec ce mythe de Shaolin car aujourd’hui, Shaolin est une mascarade. Shaolin, de nos jours, est un lieu que l’on peut comparer à une sorte de Disneyland des Arts Martiaux. Ce lieu n’est pas le temple originel. C’est un édifice qui a été construit dans les années 70 lorsque la Chine a ouvert ses portes à l’Occident.
Le dernier temple Shaolin avait été détruit aux alentours de 1925. L’objectif était d’impressionner, de nous montrer, à nous, “Occidentaux incultes et malades”, la puissance de la culture ancestrale chinoise (enfin surtout la puissance du communisme). Tu sais, les pseudos “moines” Shaolin de ce temple sont avant tout des démonstrateurs, des acrobates. Ce qu’ils font n’a plus grand-chose à voir avec les pratiques traditionnelles martiales du lieu originel ou même avec les pratiques spirituelles de base. C’est un gros business Shaolin de nos jours.
Les Occidentaux y vont se faire former par des Chinois au crâne rasé durant des stages de quelques jours ou semaines et reviennent chez eux avec un diplôme de Super Guerrier. Ils s’habillent en orange et se mettent à enseigner une gesticulation moderne vide de sens créée par des fédérations sportives communistes dont le but n’est certainement pas de rendre un peuple fort et autonome. Mais tu comprends, ils sont légitimes, ils sont allés faire un stage à Shaolin. Bref, tu auras saisi le truc car cela existe aussi dans ton monde.
Pour répondre à ta question, je préfère imaginer que tu me demandes comment un artiste martial traditionnel peut arriver à une maîtrise avancée de son corps : la réponse est simple, en s’entraînant. Les Arts Martiaux traditionnels vont lui donner une méthode et des règles à suivre. Il va devoir s’entraîner tous les jours selon cette méthode graduelle durant des années, faire de nombreuses expériences, des erreurs parfois… Il devra sans cesse corriger, ajuster... Il va parallèlement devoir adopter un art de vivre pour que tout aille dans la même direction puisqu’il souhaite que son corps soit un parfait représentant du symbole YIN YANG et de ce qu’est un canal d’énergie de vie entre le Ciel et la Terre.
Cela ne s’arrêtera pas juste à de l’exercice physique. L’exercice physique est loin de suffire à faire de toi un artiste martial et à faire de toi le maître de ton corps… loin de là. Un corps sculpté peut servir bien d’autres intérêts que les tiens et finalement te desservir en termes d’énergie vitale. Je peux te l’assurer et en témoigner. J’ai détruit une grande partie de mon énergie de vie à courir de manière déséquilibrée après la force et la jeunesse du corps, aujourd’hui j’apprends à réajuster parce que mon grand maître La Vie me le demande. La vie demande toujours la même chose : l’équilibre.
Récemment, un pote à moi qui fait du Karaté m’a raconté l’histoire de ce combat où deux adversaires se tiennent l’un en face de l’autre. Bizarrement, rien ne se passe, aucun coup n’est porté. Ils se contentent de se mesurer du regard. Et au bout d’un moment, l’un des deux s’incline face à l’autre, en signe d’acceptation de sa défaite. Peut-être parce qu’il n’a trouvé aucune prise pour attaquer avec une infime chance de victoire. Comme si l’autre était intouchable, quoi. Un regard peut-il donc tuer ? C’est quoi, toi, ta lecture de cet étrange non-combat ?
C’est peut-être celui-là qui gagne réellement le combat car il fait preuve de sagesse et met à terre son ennemi l’égo. Il ne fait pas naître la guerre inutilement. C’est un Artiste Martial.
J’ai aussi entendu parler d’une sorte de test, épreuve ultime d’un Guerrier en voie d’accomplissement… L’élève est à genoux, yeux bandés, et son maître tient un sabre au-dessus de sa tête. L’idée du truc, c’est qu’il parvienne à s’esquiver au moment même où son maître abat le sabre sur son crâne. Juste en le sentant, donc, sans le voir. Peut-être en captant l’intention du maître avant qu’il n’agisse. Tu peux nous raconter comment ça marche ?
On voit ça chez les adeptes de Masaaki HATSUMI, le dernier représentant de l’art du Ninjutsu, que j’ai du mal à cerner au niveau de la pertinence de son enseignement, mais c’est un sentiment personnel qui se déploie à partir de la lecture de ses écrits et de quelques vidéos de son travail. On trouve cela également dans les légendes japonaises du sabreur aveugle ou dans l’histoire de Miyamoto Musashi.
Je dirais que ce que l’on veut révéler par cette démonstration, c’est la capacité de certains artistes martiaux à accéder à un tel niveau de conscience qu’ils parviennent à déceler des informations extrêmement subtiles dans les mondes invisibles. Ils en viennent à sentir quand bouger lorsque le sabre s’abat sur leur tête. Je me méfie quand même des démonstrations actuelles véhiculées par le net.
Comme quasiment tout le monde sur cette fichue planète, je suis CARRÉMENT RAIDE DINGUE DE BRUCE LEE ! Donc pardon, mais je profite d’avoir un pro des Arts Martiaux comme toi sous la main pour m’aider à décrypter quelques-unes de ses plus célèbres citations… “Sois comme l’eau”, “Adapte-toi à ce qui est utile, rejette ce qui est inutile, et ajoutes-y ta propre particularité”, “Il n’y aucune limite”. Ça fait rêver, pas vrai ? Tu veux bien les analyser pour moi ? Oh, et tant que t’y es, explique-moi comment il faisait pour développer une telle force de frappe sans prendre aucun élan !
Sois comme l’eau
C’est la qualité d’adaptation, de fluidité, de souplesse, de non-résistance qui est mise en avant dans ce conseil. Dans les Arts Martiaux, le combat représente la vie et Bruce Lee racontait qu’il avait eu une sorte d’illumination en contemplant l’eau d’un lac lors d’une balade en barque. Il avait vu ce grand parcours de l’eau qui est versée par le ciel sur le sommet d’une montagne et qui doit rejoindre l’océan en passant par les entrailles de la Terre et les rivières. “Sois comme l’eau” signifie qu’il ne faut pas stagner dans une incarnation. Une vie t’est donnée pour que tu t’entraînes à parvenir à cette capacité de suivre le changement permanent et à t’y adapter pour parvenir à rejoindre le Grand Tout.
Il n’y a aucune limite
Je crois que la phrase exacte est : “Adopte la non-limitation comme limite”… quelque chose comme ça. Elle rejoint une autre phrase qui dit : “Ce que tu penses, tu le deviens”. Il fait tout simplement référence à nos croyances qui nous limitent. Si tu parviens à n’avoir aucune croyance limitative, tu es libre et tu es capable de vivre pleinement ce qu’il t’est demandé de vivre.
Adapte-toi à ce qui est utile, rejette ce qui est inutile, et ajoute-y ta propre particularité
En fait je pense qu’il nous dit de ne prendre que ce qui est utile pour accomplir notre destinée en partant du point de vue que notre objectif est d’être pleinement qui nous sommes au-delà des croyances. À l’heure de la surconsommation, s’attacher à ne pas prendre ce qui n’est pas utile, ce qui ne nous appartient pas ou ce dont nous n’avons pas besoin parait difficile parce que nous avons adopté le “je dépense donc je suis”. Ceux qui cherchent à se définir autrement que par la possession de biens matériels sont plutôt du genre à voyager léger, ils se dépouillent de tout ce dont ils n’ont pas besoin dans la matière comme dans leurs mondes intérieurs.
La force sans élan : tu fais allusion au coup de poing sans recul que Bruce Lee démontra à la convention de Long Beach dans les années 60. C’est le résultat d’un alignement corporel entre le sol et l’adversaire et d’une capacité à produire une unité à partir de toutes les chaînes osseuses, tendineuses, articulaires, nerveuses et musculaires. Le chef d’orchestre de cette unité est l’intention émise au niveau du bas ventre, siège de l’énergie vitale employée dans les Arts Martiaux. Grâce à ces deux paramètres, l’artiste martial peut produire une onde (en sinusoïde ou en spirale) à travers son corps. C’est cette onde qui percute l’adversaire au bout de la chaîne.
J’aime beaucoup l’idée d’utiliser la force de l’adversaire pour le mener à sa propre perte. D’entrer en harmonie avec la frappe de son ennemi pour la retourner contre lui. Qu’est-ce que ça signifie, “accompagner”, “emprunter la force de l’adversaire”, dans les Arts Martiaux ? Et si on considère que l’adversaire est une situation qui nous dérange, qu’est-ce que ça implique au niveau de la technique, et au niveau philosophique ? Tu pourrais établir le parallèle entre cette technique de combat et une posture globale face à la vie ?
C’est accepter la force de l’adversaire sans la subir et l’utiliser contre lui. C’est un principe basique des Arts Martiaux chinois. Je vais te le transposer dans la vie parce que c’est ce qui me semble intéressant de faire.
Imagine que tu as un conflit verbal avec une personne. Ton but en tant qu’artiste martial est d’établir la paix dans ton monde. Pour cela, tu vas devoir veiller à ne pas laisser ton pire ennemi, l’ego, prendre possession de toi. Tu vas donc écouter l’argument de ton adversaire et tu vas l’accepter à partir, non pas d’une position de victime prête à se soumettre mais plutôt à partir de celle de quelqu’un qui cherche à formuler le fait qu’il comprend le point de vue de son adversaire. Tu le reconnais dans son discours, ce qui ne lui donne pas appui sur toi. Il est normalement prêt à t’écouter à ce moment-là puisque tu as désamorcé l’opposition.
Ensuite tu l’amènes à voir les choses à partir de ton point de vue, non pas pour le convaincre mais pour lui amener la prise de conscience que vous pouvez tous deux avoir deux points de vue différents et finalement échanger sans imposer vos idées. S’il est intelligent, la paix pourra être instaurée entre vous. Tu auras gagné parce que tu auras construit une relation de paix et non parce que tu auras eu raison.
Il n’y a pas de vérité dans la vie, tout change tout le temps donc nous ne pouvons avoir que NOS vérités. Qu’est-ce qui est le plus important, que notre vérité triomphe ou que la paix triomphe ? Pour un artiste martial, c’est la paix qui doit triompher.
Par contre, si tu as quelqu’un de profondément con en face de toi, sache que dans les Arts Martiaux chinois, la guerre est parfois nécessaire pour rétablir la paix et il faut être prêt à la mener. C’est pour cette raison que l’harmonie n’est possible qu’entre des personnes qui ont travaillé personnellement sur elles-mêmes pour s’extraire de ce sentiment de savoir ce qu’est la vie et la vérité.
Ainsi dans le combat physique, l’artiste martial peut choisir entre trois stratégies géométriques : le cube, la sphère ou la pyramide.
Le cube c’est l’opposition, la sphère c’est l’absorption et la pyramide c’est la déviation. Le cube, c’est utiliser la force contre la force lorsqu’on peut le faire. La sphère c’est n’opposer aucune résistance à celle de l’adversaire comme si celui-ci se mettait à frapper dans un morceau de tissu. Et la pyramide, qui est la stratégie intermédiaire, c’est présenter une structure géométrique qui dévie systématiquement les forces vers l’extérieur.
C’est au sein des deux stratégies de la sphère et de la pyramide que l’artiste martiale sera amené à emprunter la force de l’adversaire.
T’aurais des livres à conseiller à ceux qui souhaiteraient aller plus loin ?
Pour approfondir tous les sujets que nous avons abordés à travers des ouvrages traitants des Arts Martiaux, je conseille trois ouvrages :
Éthique du samouraï moderne, de Patrice Franceschi.
Les deux tomes de la saga consacrée à Myamoto Musashi, écrits par Eiji Yoshikawa : La pierre et le sabre et La parfaite lumière.
QUELQUES CITATIONS INSPIRANTES TIRÉES DU LIVRE ESPRIT MARTIAL DE BRICE AMIOT POUR RESTER ALIGNÉ DANS LA VOIE…
LES ÉPREUVES ET L'ÉVOLUTION
En regardant la vie comme un maître désirant lui enseigner sa véritable nature, le Guerrier est capable d’accepter tout ce que celle-ci lui propose de vivre.
LE BIEN ET LE MAL
Si on ne nourrit pas le Mal, il disparaît. En restant focalisé dessus on lui permet d’exister. On élimine le Mal en l’acceptant, en le remerciant d'exister et de nous permettre d’en faire l’expérience pour ensuite reconnaître, apprécier et nourrir le Bien.
Diriger sa pensée vers le changement et non vers la cause du Mal. Sinon on lui donne de l’énergie. On nourrit le Bien, on combat le Mal en nourrissant les changements bénéfiques qu’il apporte. Le Mal devient alors la source du Bien.
LA VICTIME
On ne peut éliminer un ennemi en nourrissant le pouvoir qu’il a sur nous. On ne doit pas se considérer comme sa victime. Si ce qu’il dit nous blesse, c’est parce qu’on choisit d’y croire et d’y attacher de l’importance. C’est un piège de l’ego. On détient le choix de souffrir ou non du comportement des autres car on est seul responsable de ses émotions.
LA SOUFFRANCE
La vie est une somme d'expériences dont le but est de t’amener à évoluer. Chaque épreuve est une étape. Tu dois refuser d’agir en victime. Tu es responsable de ta vie et de ce qui en constitue le chemin car c’est le chemin que tu as choisi pour évoluer. Y résister en attribuant ton malheur à des causes extérieures ne fait que retarder ton évolution en installant la souffrance, qui sera alors nécessaire pour t’amener à chercher des solutions à ton malheur jusqu’à ce que tu trouves les solutions en toi. Cela t’amènera à évoluer. Cette étape de la souffrance aura alors contribué à ta réalisation personnelle.
LA RESPONSABILITÉ
Tout ce que tu vis est le reflet de ce que tu es. Quand un truc désagréable se présente à toi, tu en es le seul responsable et cette situation est là pour te révéler qu’une partie de toi fonctionne en désaccord avec l’objectif de ton chemin de vie qui est de trouver la paix avec les autres et toi-même.
Se considérer comme responsable des problèmes que l’on rencontre est bien plus difficile que d’en rejeter la cause sur le hasard de la vie ou un méchant.
LES ÉMOTIONS
Si une émotion est refoulée et qu’elle ne peut aller à la surface de l’intérieur vers l'extérieur, elle va se condenser vers l'intérieur en créant une tension. Si d'autres émotions viennent s’y ajouter, elle va créer une explosion ou une implosion. Une maladie va naître.
LA RÉALITÉ
Notre ego est un gros filtre à travers lequel nous percevons notre réalité.
L’EGO / PROGRAMME INFORMATIQUE
Les Guerriers sont ceux qui décident d’entrer dans la machine pour la déprogrammer.
LE GUERRIER ET SON ADVERSAIRE
Le Guerrier polit son être comme on polirait la lame d’un sabre. C’est-à-dire qu’il retire les aspérités qui empêchent la lame de briller et d’être tranchante.
L’EXPÉRIENCE PERSONNELLE
Quels que soient les savoirs, les guides, les enseignements ou les situations qui se présenteront à toi, ne les crois pas. Écoute-les d’abord et ensuite expérimente les choses, vis-les, ne les intellectualise pas. C’est en vivant les choses qu’on les maîtrise.
Le Guerrier aiguise son âme comme un sabre afin qu’elle foudroie d’un trait toutes ses illusions et faiblesses et qu’elle s’impose comme seul maître à bord.
LA VOIE INITIATIQUE
Pour trouver la paix, l’Homme doit d’abord retourner vers lui-même afin de comprendre qui il est.
Travailler sur soi c’est tester le maximum de choses en accord avec ce que l’on veut incarner. Il ne faut pas se fixer sur ce que l’on veut obtenir mais sur ce que l’on veut être.
ACCEPTER
La force n’est pas de pouvoir résister à tout mais de pouvoir tout accepter. Si tu peux tout accepter, tu deviens indestructible.
Accepter ne veut pas dire ne rien faire et subir, mais prendre en compte tous les éléments d’une situation sans s’y opposer et à partir d’eux, faire un travail sur soi. C’est ce que veut dire “suivre” dans un combat. Tirer profit de la force adverse. Emprunter la force c’est se servir de l’énergie d’une situation désagréable pour alimenter l'énergie de réussite.
L’ÉNERGIE ET LA FORCE
Agir en Artiste Martial c'est savoir se servir de l’énergie des choses qu’on estime négatives pour l’employer à réaliser des choses constructives.
L’INTENTION
Si tu as décidé de devenir la personne que tu rêves d’être, il faut employer chaque seconde de ta vie, chaque pensée et chaque acte à cette réalisation.
L’intention n’est pas une réflexion, c’est une conviction : je sais ce que je fais et ce que je veux qu’il en résulte et je le vis intérieurement un instant avant l’aboutissement de ma technique.
Lorsque l’intention est alignée (sans doute ni peur) avec la voie et le geste, l’action menée est redoutablement efficace.
Pour vous procurer le livre Esprit Martial, contactez l’auteur Brice Amiot via son blog : https://www.briceamiot.fr/brice-amiot/
Les liens Amazon de la page sont affiliés. Pour tout achat via ces liens, le blog perçoit une petite commission.
Ainsi vous contribuez sans effort à la vie de ce blog, en participant aux frais d'hébergement.