Carnet de Route #10 : Vingt-Septième Jour
Soirée coke à Copacabana, Bolivie, Lac Titicaca
Putain, en quatre jours, y s’en est passé, des choses. Le passage de frontière s’est fait sans galères, et j’étais contente d’être accompagnée pour apprendre les formalités. Mon espagnol est toujours à chier, et ça m’aurait un peu stressée, faut avouer. Le soir même de notre arrivée dans ce village mignon comme tout (parce que gavé de touristes, donc adapté pour eux, soyons franc), à l'hôtel on a croisé d’autres gringos, des français encore une fois, plutôt cool dans l’ensemble, avec qui on a décidé de partir visiter la Isla del Sol, sans doute la plus connue des îles du lac Titicaca. Soirée de murge mémorable, et le lendemain matin des heures de bateau pour l’atteindre, mais vu qu’on allait y passer deux nuits, c’était pas gênant.
Cette île est une merveille. Et malgré l’afflux constant de touristes, elle se démerde pour avoir l’air préservé. Tu peux marcher des heures le long de ses chemins, avec des vues splendides sur le lac, sans croiser trop de monde. Je me suis encore déchaînée avec les photos. Je me demande comment font les autres pour arriver à pas mitrailler tout ce qu’ils voient. La première nuit, le coucher de soleil, visible depuis les flancs de la colline où se trouvait notre hôtel, était carrément bouleversant. J’ai adoré ces journées de marche sur le sol caillouteux, presque volcanique par endroit, avec le soleil qui me tapait dessus, et ce lac où le vent dessinait comme des vagues à la surface. J’avais parfois du mal à croire que j’étais bien à presque 4000 d'altitude, sur le plus haut lac navigable du monde, qui fait fantasmer tant de gens depuis leur télé. C’est fou, nan ?
En faisant le tour de l’île, en fin d’après-midi on est tombés sur un mec du coin dans son bateau, et vu qu’on avait pas spécialement envie de revenir sur nos pas pour encore trois heures de marche, on lui a proposé de nous ramener à Copacabana. Il s’est empressé d'accepter, ça arrangeait tout le monde cette histoire, alors banco.
Ce soir-là, on s’est mis la race dans une sorte de boite et on a tapé de la coke. Le patron d’un resto où on avait bouffé nous en avait vendu, et de toute façon je sais pas comment mais tout le monde semblait en avoir sur soi ce soir-là. Vodka après vodka, j’ai du mal à me souvenir de l’enchaînement des événements. Je sais que j’ai tapé un rail dans les chiottes avec un chevelu local, mais je sais plus pourquoi. Il m’avait fait signe en passant son pouce sous son nez et en désignant les chiottes d’un mouvement de tête, je crois. J’ai tapé plusieurs fois dans ces chiottes avec les français aussi. A un moment un bolivien m’a jeté son verre (pas le contenant, le verre) à la gueule pendant que je dansais, mais c’est qu’après que j’ai compris que ce verre m’était destiné, parce que les autres me l’ont dit et que le type s’est fait tej de la boite, et je saurais jamais pourquoi. Il m’a loupé, heureusement. J’imagine qu’il avait essayé de me draguer sans que je m’en rende compte (je danse toujours les yeux fermés, et ceux qui tentent une approche finissent par s’en aller sans même que je les aie remarqués) et que mon attitude l’avait vexé.
De retour à l’hôtel, on a évidemment sniffé tout ce qui restait des pochons de coke, et aux petites heures du jour le “couple” d’amis me racontait sa vie en mode mitraillette comme si j’étais leur psy (mais ça m’arrive souvent, je dois inspirer confiance, et puis la coke n’aide pas).
Bref. J’ai pris le bus ce matin avec un couple de dreadeux qui faisait partie du lot, et on se dirige vers la capitale de Bolivie, La Paz. Mais je crois que je commence à saturer des gens, là, et je vais pas tarder à les larguer. Dans mon guide j’ai repéré une réserve dans la jungle où on peut se proposer comme bénévole pour s'occuper d’animaux sauvages. Personne là-bas n’est au courant de mon arrivée, évidemment, vu que je l’ai trouvé en épluchant mon Lonely Planet dans le bateau. C’est la prochaine destination que je vise.
© Zoë Hababou 2021 - Tous droits réservés