Le Coin des Desperados

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Pensées Percutantes #3 : Rêves Lucides. Maître d’Armes. Psychomagie et Clint Eastwood.

Un démon dans le miroir te regarde. La question qu’il pose remet en cause ta vie entière.

Qu’est-ce que Clint Eastwood ferait à ma place ? Si tout ça n’est qu’un jeu, l’idée serait peut-être de se choisir ou, encore mieux, de se créer un personnage à la hauteur de nos ambitions.

Devenir lucide est un phare qui permettrait de percer les nébuleuses du destin tout en guidant nos pas sur le chemin qu’on a réellement choisi. Un chemin qui ait du cœur, comparé à celui qu’on nous colle sous les bottes comme s’il n’existait que lui, et qu’en dévier serait signer son arrêt de mort…

Le rêve, le jeu, ce qu’on appelle la “réalité”. Pourquoi circonscrire son âme à des dimensions si restreintes alors que la nature sauvage qu’elle est n’aspire qu’à prendre la forme, toutes les formes de l’eau ?

Nouveau départ, changement, verrouillage de cible. Parait que c’est uniquement parvenu au pied du mur qu’on commence vraiment à vivre une vraie vie.

Une fois de plus, c’est NOW OR NEVER.

LA QUESTION-TEST DU DÉMON

Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait : “Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois ; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des poussières !”

Nietzsche, Le Gai Savoir

Si un démon se pointe soudain devant toi pour te dire que ton existence va se répéter à l’infini, sans aucune variation, ce serait quoi, ton sentiment envers ta propre vie ? Tu serais partant pour la vivre en entier à nouveau ?

La question du démon de Nietzsche me fait toujours penser à Fight Club. Quand Tyler demande à l’autre quel effet elle lui ferait, sa vie, s’il devait crever dans l’instant. Au final, qu’on cause de mort ou de vie éternelle, on dirait que ça revient au même. Une fois de plus, on fait face à la pensée la plus haute et la plus pesante à laquelle l’être humain doive répondre.

Si certains considèrent cette pensée comme un putain de fardeau, source d’une atroce paralysie, d’autres au contraire (dont je suis) y voient la possibilité de l’affirmation ultime de la vie. Le genre d’existence qui s’inscrit dans la joie et la volonté, car au fond, cette question n’est rien de plus qu’une injonction qui te pousse à agir de telle sorte que tu sois toujours heureux de le faire, encore et encore.

Nietzsche, tout comme moi, n’est pas franchement un tendre. Sa vision du truc, c’est que cette putain de question ferait chier les faibles dans leur froc. Les forts, eux, évidemment, assumeraient à mort de VOULOIR À JAMAIS chacune de leurs actions. Et passeraient la 5e pour vivre une vie encore plus dionysiaque.

Moi ce que je kiffe chez ce démon, c’est qu’il te contraint à réaffirmer ton point de pouvoir situé dans le présent.

Car c’est dans le présent que la volonté, la décision et l’action prédominent.

LE MAÎTRE D’ARMES ET CLINT EASTWOOD

A l’aube d’une nouvelle année, ça fait jamais de mal de se représenter la visite de ce connard de démon. Surtout si tu pars du principe que ce gars-là n’est personne d’autre que toi-même, venu te mettre en face de… toi-même. 

Y a quelque chose de beau à l’idée de se dire que ton plus puissant maître d’armes se trouve à l’intérieur de toi. D’une - et surtout vu l’intransigeance du type en question -, ça fait que tu crains plus rien ni personne, étant donné que ton pire ennemi, tu le connais intimement, et que t’as d’ores et déjà appris à le gérer tant bien que mal sans aide extérieure. De deux, eh bien… Faut bien faire quelque chose de sa vie, pas vrai ? Alors ça ou autre chose… autant se dévouer à une cause qui a du sens.

Est-ce vraiment un secret ? La seule cause qui t’intéresse vraiment, au fond, c’est la tienne. Et y a pas de honte là-dedans. Parce qu’instinctivement, tu sais que c’est la seule sur laquelle t’as un réel pouvoir. C’est la seule pour laquelle t’es prêt à mourir, et donc, fatalement… à vivre. Assumer ça, c’est probablement le plus grand pas que tu puisses faire pour honorer cette nouvelle année. Tu sais pourquoi ? Parce que tu vas enfin oser travailler sur ce MOI qui te fascine tellement, et faire de lui un truc dont tu vas être fier, encore, et encore, ET ENCORE…

Au fond, c’est quoi le but du sacré bilan de fin d’année et de ces connasses de bonnes résolutions ? Une chose : vérifier l’axe central de ta vie et ajuster son alignement.

Regarder droit dans les yeux celui que tu rêves d'être. Celui qui, s’observant dans le miroir, s’esclafferait sans retenue à la gueule du démon, avant de lui susurrer, sarcastique, avec la voix de Clint Eastwood : Encore toi, vieille enflure ? Toi et ta putain de question ? Hombre, j’ai comme l’impression que j’en suis plutôt satisfait, moi, de ma vie, et que je serais comme qui dirait partant pour rempiler avec elle pour un bon millier de nouveaux cycles d’éternité ! Retente le coup l’an prochain, pauvre naze. Cette année, j’ai bien peur que ce soit encore baisé pour toi…

Parlant de Clint Eastwood, voilà une citation réelle de lui, sur laquelle je suis tombée dans un livre alors que je faisais ma dernière diète : Je suis exactement le genre d’homme que je voulais être.

Putain, je me suis dit exactement la même chose. 

Qu’il rapplique, cet enfoiré de démon.

POINT DE POUVOIR

Un truc qu’est bon à se dire pour partir direct à donf sur la route du futur : Le point de pouvoir, c’est le présent.

Quand ça déconne dans la vie, c’est pas à cause d’une merde quelconque du passé sur laquelle t’aurais aucun contrôle. Bien que cette idée aille à contre-courant de cette noble version de l’Histoire qui nous rabâche que pour éviter de refaire les erreurs du passé (y a qu’à voir la gueule du monde moderne, sûr que ça fonctionne drôlement bien, hein, comme système !), faut en être conscient, blablabla, moi je pense qu’examiner le cul des dinosaures est contre-productif. 

Qu’on observe la chose d’un point de vue quantique ou plus simplement psychologique, le passé, le présent et le futur se modifient en permanence depuis le présent, selon que t’es bien luné (niveau psychologique) ou que t’es en train de faire bouger sérieusement les lignes de ton “destin” (niveau quantique). Passé, présent et futur sont simultanés. Donc changer le présent change automatiquement tout le reste. Et c’est bien de changement qu’on a envie à la nouvelle année, pas vrai ?

A bien y regarder, la mémoire possède les mêmes qualités que le rêve, et les souvenirs sont constitués d’images aussi immatérielles que celles des songes. On sait tous que se souvenir d’un rêve revient à l’organiser autrement. Tu le vois jamais dans sa totalité. Tu vois les parties que t’as sorties du maelström d’images selon ton niveau de conscience. Tout ce que tu fais, en fait, c’est le réduire afin qu’il entre dans les limites de ton moi individuel.

Eh bien, c’est exactement pareil avec la réalité. Rien de plus que ton interprétation limitée du truc. Tu vois uniquement ce que t’as capté et retenu selon ce qui correspond à ta vision éphémère de sa nature. En gros, tu la transformes en ce que tu penses d’elle, interprétation trompeuse sur laquelle tu fondes tes jugements et tes appréciations, qui n’ont rien d’objectif ni même de durable. Et chaque jour, tu fais pareil avec ton passé et ton futur.

Je vais le gueuler encore un coup : ÇA FAIT 10 HEURES D’AFFILÉE QUE TU JOUES À WORLD OF WARCRAFT, BORDEL ! T’ES DÉSHYDRATÉ, MEC, DÉCROCHE, FAUT QUE TU BOIVES UN VERRE D’EAU, LÀ ! ENLÈVE TON PUTAIN DE CASQUE DE VR, RESPIRE UN COUP, SORS DE TON PUTAIN DE PERSONNAGE !

Devenir plus conscient, ça revient à cesser de confondre la réalité objective et ce qui n’en est que ta perception subjective. Donc si, poussé par “l’esprit de bilan” qui s’empare chaque années des pauvres âmes par ces temps obscurs, tu t’autorises à regarder dans le passé, n’oublie pas que c’est uniquement pour en tirer des succès qui inspireront ton futur en les réactualisant. T’es tout sauf à la merci du passé, car ce truc-là n'est ni fixe ni causal. Tu le réécris en permanence à l’aune du présent. Tes souvenirs s'élaborent à partir de tes croyances actuelles.

Donc toi, c’est à partir d’elles que tu dois travailler.

Et lâche pas l’affaire tant que c’est pas ce putain de Clint Eastwood qui te reluque dans le miroir chaque matin.

RÊVER SA VIE EN MODE LUCIDE

Si la métaphore de Warcraft fonctionne bien, celle du rêve aussi. Au fond, qu’il s’agisse d’une simulation, d’une hallucination collective, d’un jeu ou bien d’un rêve, le fait est que dans la vie, pour rester lucide, faut savoir rester à distance. Contrôler l’identification. La plupart d’entre nous sont submergés dans une “réalité” qu’ils subissent en étant impliqués jusqu’à la garde, peu importe le bad trip sans queue ni tête que leur “rêve” leur présente.

Mais tu peux tout à fait voir la réalité comme un rêve, et apprendre à l’interpréter comme tu le ferais pour lui. Faut y aller façon Carl Jung (on fait pas mieux que ce gars-là niveau rêve, et pour avoir appliqué sa méthode durant ma diète de plante, je peux confirmer que la matière onirique prend un tout autre sens avec sa grille d’interprétation). 

L’idée est la suivante : quand il t’arrive une merde dans la vie, au lieu de chialer sur le mauvais sort, demande-toi : Pourquoi je rêve de ça ?

Le rêve est une thérapie naturelle. Un moyen de regarder tes désirs et tes problèmes en face. Il te file des infos sur l’état de ton corps, du monde et des évènements que tes croyances vont engendrer. C’est une sorte de banc d’essai pour les étudier et décider de celles que tu veux matérialiser. Et le secret pour l'interpréter convenablement, c’est de le faire à partir de ton état d’esprit actuel, sans chercher des significations ou des symboles génériques qui te perdraient en t’entrainant sur de mauvais chemins. Une fois de plus, la réponse est en toi. Et ça, c’est franchement cool.

La méthode de Jung, c’est celle-ci : 

  • 1 : Définir le contexte dans lequel le rêve est fait. Aller au plus simple par rapport à ta situation actuelle. Trouver la problématique majeure qui t’anime en ce moment.

  • 2 : Se livrer à la technique de l’association libre. Qu’est-ce qui te vient à l’esprit en premier pour chaque élément du rêve ?

  • 3 : Commencer à interpréter le rêve selon ta situation consciente actuelle. C’est le signe sous lequel le placer. Quelle est l’attitude consciente qui est compensée par ce rêve ?

  • 4 : Trouver le sens du rêve. En vue de quoi est-il fait ? Pourquoi, dans quel but ? Dans quelle finalité ?

Interpréter un rêve par soi-même en suivant cette méthode, c’est apprendre à l’ego à faire usage de ses pouvoirs, lui montrer comment se servir de ses facultés d’assimilation. En gros, c’est redonner le pouvoir à cette partie consciente de toi qui est parfaitement capable d’entrer en communication avec ta partie inconsciente. Mais surtout, c’est permettre une réelle communication entre ces deux mondes qui t’habitent… Et bordel, pour l’avoir fait pendant un mois entier en diète, je peux te dire que ça change la vie.

Surtout que… la méthode que je viens de te donner, t’es censé t’en servir aussi avec ta réalité de base.

Tu choisis tes “symptômes” pour qu'ils t’apprennent un truc.

A l’heure actuelle, nos symptômes, c’est nos vies entières.

PSYCHOMAGIE

Et si pour guérir ta vie, tu considérais que ces symptômes ne sont pas les tiens, mais ceux de celui que tu crois être ? Si la meilleure résolution que tu pouvais prendre était de venir à bout des interdits, des limites, en quittant les chemins qui t’appartiennent pas, en cessant de poursuivre des idéaux qui t’ont été imposés, jusqu’à parvenir à être quelque chose qui ne se définit pas lui-même ?

Ça ressemble à Bruce Lee et son fameux Be water, my friend ? C’est précisément l’idée…

Moi, ce truc de cesser de te définir, d’arrêter de te foutre des grosses étiquettes sur la tronche (comme dans ce jeu débile où tu te colles la carte d’un personnage que t’ignores et que les autres doivent te faire deviner) que tu passes ta vie entière à défendre bec et ongles, à protéger ce qu’elles sont censées représenter, d’endosser un rôle dont il t’est ensuite impossible de dévier, parce que les autres exigent de toi que t’y colles jusqu’à la mort, peu importe ton désir d’évoluer, de restreindre et de contraindre ton âme dans un récipient trop petit pour elle (comme de l’eau comprimée dans un dés à coudre, ouais) en te demandant derrière pourquoi elle pleure chaque jour…

Eh bien, ce truc, je rêve que de ça.

Mais j’ai parfaitement conscience que c’est nous, et personne d’autre, qui infligeons ça à notre âme. Et vu que j’adore la responsabilité induite par la condition humaine et la liberté qu’elle permet, moi, j’ai décidé de la sortir de là, mon âme. J’ai décidé de la laisser redevenir aussi grande et sauvage que ce qu’elle a toujours été.

On sait qu’il existe une relation étroite entre notre psyché et le monde. Que celle-ci manifeste des choses dans celui-là. Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’il y en a une également, d’étroite relation, entre nos gestes dans le monde et notre psyché… Ça marche dans les deux sens.

L’idée est de renverser la perspective. Ça t’est jamais venu à l’esprit, de jouer de la réalité matérielle pour atteindre ta réalité psychique ? A partir de maintenant, considère que ce que tu fais au monde, tu te le fais aussi à toi-même. Et si tu veux avoir un peu de contrôle sur l’expérience, alors va falloir te plonger dans ce qu’on appelle la psychomagie.

Nan, je compte pas te faire un cours là-dessus ici. T’as qu’à te procurer l’un des bouquins de Jodorowsky sur le sujet.

La première chose à faire est de te débarrasser de ton ancien moi. De lui faire connaître une sorte… d’enterrement. C’est un thème que j’aborderai plus en détail lors du compte-rendu de ma dernière diète, mais c’est pas le bon endroit pour en parler ici. Sache juste que quand on cause métamorphose et renaissance, c’est le genre de rituel qui peut s’avérer essentiel si on tient à faire les choses sérieusement.

Ensuite, puisque ce putain de truc n’est après tout qu’un jeu avec des personnages qu’on customise, pourquoi choisir le loser de service qui se fait sans cesse laminer par la life avec une barre d’énergie (mon pote Brice Amiot dirait le QI) au ras des pâquerettes et des armes qui valent pas un clou ? C’est vrai, quoi, faut être un peu con… Autant se bricoler un personnage bien badass !

L’avantage d’un costume de scène, c’est qu’il t’offre la liberté d’agir sans répéter les conduites imposées qui ont fait ton “identité”. Tu peux alors te réinventer en entier. Le tout est de croire en la possibilité de ta métamorphose… Et ça n’a rien de difficile, en fait. Tant que tu fais pas la connerie de confondre la notion “d’effort” avec celle “d’endurer”.

Quand tu subis ta vie en état d’impuissance, là ouais, t’endures de ouf.

Quand tu batailles férocement avec toi-même pour cesser de te définir selon des critères qui te limitent, tu fais des efforts pour devenir toujours plus ce que tu rêves d’être. Et vu que c’est uniquement pour toi que tu le fais, c’est TRÈS agréable…

La personnalité, comme tout le reste, est une question de choix. Tu peux choisir d'être ce que tu veux. Le tout est d’avoir identifié ta Pensée Maîtresse. Et considérant que toute création implique liberté, ou du moins, volonté propre, seul celui qui ose détruire les vieilles valeurs paralysantes et enfanter ses propres lois peut espérer engendrer un nouveau monde, être à l’origine d’une œuvre qui ne porte pas le sceau de l’esprit apeuré, soumis, morbide et finalement nihiliste, du groupe.

La mienne, de Pensée Maîtresse 2024, c’est ça : Que mon esprit devienne celui d’un samouraï en acier trempé.

Et pour paraphraser une nouvelle fois mon pote Brice : Le Guerrier aiguise son âme comme un sabre afin qu’elle foudroie d’un trait toutes ses illusions et faiblesses et qu’elle s’impose comme seul maître à bord.

J’aime bien le personnage d’Harley Quinn. Elle inspire ma vie quand, face à une situation délicate, je me demande comment je devrais agir, ou même penser. Elle m’incite à prendre le truc à la rigolade façon Trickster, tout en ayant les couilles de choper ma batte pour défoncer la gueule à tout ce qui me fait chier.

Attention, hein, je dis pas qu’il faut s’identifier vraiment au personnage. Merde, retombons pas dans les mêmes conneries !

Je dis juste qu’apprendre à jouer avec la vie et surtout avec l’image qu’on se fait de soi-même est sans doute la meilleure putain de bonne résolution qu’on puisse prendre pour commencer à devenir celui qui fera un bon gros doigt d’honneur bien senti au démon quand il se pointera pour poser sa maudite question…

© Zoë Hababou 2024 - Tous droits réservés


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