El Diario Latino #6 : The End
Les rencontres de malade s’enchaînent. Les évènements explosifs s’accumulent. Les expériences se télescopent si vite les unes après les autres que tout ce que je peux faire est de… suivre. Galoper avec elles, sans reprendre mon souffle. Sans déconner, j’ai l’impression d’être Jim Carrey dans Yes Man ! Vous connaissez le principe ? Dire OUI à tout ce qui se présente, foncer tête baissée dans tout ce que la vie te propose, aussi ouf, dangereux ou stupide que ça paraisse ! Et bordel, mais c’est la meilleure manière de vivre, nom de Dieu !
El Diario Latino #5
La nouvelle vague sur laquelle je surfe à présent est celle d’une inspiration immense. Quelque chose s’est débloqué. Il s’agit plus seulement d’utiliser ce que je vis en l’incorporant plus tard à mes écrits. Désormais, au moment même du vécu, je le ressens déjà comme faisant partie de mon œuvre. Y a plus de transition, d’ajustements, de médiation. Tout m’apparaît d’emblée d’une manière littéraire, les idées jaillissent sous leur forme définitive.
La Passagère, Background : Une Histoire Personnelle
Pour un artiste, il est toujours plus intéressant d’utiliser le matériel dont il dispose - surtout lorsqu’il s’agit de quelque chose qu’il a éprouvé intimement, dans sa chair - en l’incorporant à son œuvre, d’une manière détournée qui le sublimera, plutôt que de le dilapider en paroles ou en mots creux qui jamais ne sauraient rendre honneur à ses sensations et à ses visions. En tant qu’écrivain-voyageur qui tient un journal de voyage en parallèle du reste de ses œuvres, il fallait faire un choix. La Passagère est le mien. Et en dehors de cet article, je n’écrirai pas un mot de plus sur ce qui m’est arrivé dans ce désert.
El Diario Latino #4
Le petit jeu auquel je me livre pourrait bien me mettre face au cataclysme le plus brutal que j’aie jamais connu. Il existe des signes tangibles de la tempête intérieure que je suis en train d’alimenter. Mais c’est comme un feu qu’on regarde grandir et qu’on nourrit presque machinalement, presque sans y penser. Encore une branche, encore une bûche. Qu’est-ce qu’elles brillent, ces braises ! Comme les flammes sont hautes !
El Diario Latino #3
D’emblée, la conversation a pris un tour plus qu’intéressant. C’est marrant comment ça marche. On commence à évoquer son voyage, ses passions, son taff d’écrivain, et on en arrive à parler de Pablo Escobar, Nietzsche et Bukowski. Au final, j’ai passé la journée à parler avec le Colombien. Il y avait quelque chose de surréaliste à se trouver si loin de chez soi, en plein cœur des Caraïbes, à creuser la pensée de Schopenhauer, la vision artistique de Fante et la façon d’écrire de Buko.
El Diario Latino #2
Je me suis dit que c’était une réalité que les gens de chez moi ne pouvaient même pas envisager. Tout ce bordel, cette chaleur humaine et cette folie à cent à l’heure. Toute cette crasse qui pourtant se débrouille pour être accueillante. Nan, ils pouvaient pas imaginer. Et je me demandais comment moi, j’avais réussi à m’y faire.
El Diario Latino #1
Le chauffeur de taxi m’a entubée direct. Pourtant, c’est pas comme si j’avais pas fait attention de bien prendre un taxi officiel à l’aéroport, étant donné le risque très concret qui existe de se faire niquer à Bogotá avec les taxis sans compteur conduits pas des types aux ambitions plus que douteuses. Et dans ce cas-là, le problème qui se pose n’est pas seulement lié au pognon. A vrai dire, le fait de se faire tirer le triple de ce que vaut la course habituelle est bien le moindre des problèmes qui peuvent t’arriver.
Carnet de Route : La Récap’
Tous les épisodes du Carnet de Route réunis au même endroit. Elle est pas belle la vie ?
Carnet de Route #17 : Deux Mois Et Huit Jours
Rien que d'envisager les deux putains de journées que j’allais me taper là-bas me foutait les boules. Arrivée à Potosi, je me suis dégoté une sorte de cellule monacale de un mètre sur deux, avec du plancher et un vieux matelas mou qui donnait sur une cour à l’allure sinistre. J’ai été faire un tour en ville et je me suis acheté à bouffer, du pain, des bananes, du yaourt à boire, puis je me suis cloitrée, résignée.
Carnet de Route #16 : Deux Mois et Quatre Jours
Et je regarde en arrière, ce mois de dingue que je viens de vivre en Amazonie en pleine saison des pluies, à m’occuper d’animaux sauvages comme dans mes rêves de gosse, et tout ce qui m’est arrivé depuis seulement deux mois que je suis partie, et je me demande pourquoi j’ai tant de chance, est-ce qu’il y a quelqu’un là-haut, une force quelconque qui se démène pour que ma vie coïncide enfin avec ce que j’ai toujours voulu qu’elle soit ?
Dans le sac d’une Desperada : La Check-list de la Liberté
Tout lâcher, partir sur les routes du monde pour plusieurs mois, n’emporter avec soi que le strict nécessaire, être légère, libre, dire adieu aux verbes avoir et posséder pour les remplacer par être et expérimenter… Se défaire de l’inutile, de tout ce qui encombre le corps et l’esprit pour s’immerger dans le vécu. Ouais, ça fait rêver sur le papier, mais en pratique, c’est pas si facile à organiser, et c’est une grande voyageuse qui te le dit…
Carnet de Route #15 : Un Mois et Vingt Jours
Moi je m’occupe des capucins, y en avait trois au début, bientôt prêts à être relâchés en pleine nature, afin qu’ils reprennent leur vie libre, et puis le petit dernier est arrivé, Danielito, clairement traumatisé et effrayé au dernier stade. Il s’est de suite pris d’affection pour moi et donc je passe ma journée avec lui sur le dos en train de m’étouffer avec ses petits bras qu’il tient crochetés autour de mon cou, à serrer comme un maboule dès qu’un autre singe fait mine de s’approcher ou que je fais un mouvement trop brusque, et surtout à me pisser dessus chaque fois qu’il a trop peur (c’est-à-dire quinze fois par jour).
Carnet de Route #14 : Un Mois et Quinze Jours
Un soir à Vegas, l’Anglais m’a entendue chanter les Pink Floyd en revenant de la douche et il m’a demandé si je connaissais Shine On You Crazy Diamond. Aussi fou que ça puisse paraître, vu comment j’adore ce groupe, je l’avais jamais entendue, alors il me l’a mise sur son PC avant d’aller se doucher à son tour. Je l’ai écoutée allongée sur mon lit et quand il est revenu j’étais en train d’écrire. Voilà le passage.
Carnet de Route #13 : Un Mois et Dix Jours
La plupart des animaux qui sont ici ont subi des mauvais traitements. C’est toujours pareil : les gens les trouvent mignons quand ils sont petits, et puis un jour le tejone ou le singe niaque le gosse de la famille et on s’en débarrasse. Le problème, c’est qu’ensuite ils sont complètement inadaptés à la nature, et bien peu d’entre eux auront un jour la chance d’y retourner…
Carnet de Route #12 : Un Mois
La première sensation, c’est la chaleur. Dans le bus déjà, la moiteur de l’air croissait à mesure qu’on quittait les montagnes pour s’enfoncer dans la jungle. J’ai adoré ça. J’adore quand on peut sentir le changement d’une façon physique, palpable. Et je peux vous dire que l’humidité te palpait de partout, jusqu’au slip, avec la sueur qui te dégouline entre la raie des fesses.
Carnet de Route #11 : Trentième Jour
J’apprécie de plus en plus ce que je suis en train de vivre. J’adore cette liberté qui te fait pointer du doigt un lieu sur la carte et sauter dans un bus qui t’y amène en une journée. C’est un truc de fou, je dispose de ma vie comme je veux, tous mes caprices sont à portée de mains pour quelques pièces, je peux faire ce que je veux de moi-même !
Carnet de Route #10 : Vingt-Septième Jour
J’ai adoré ces journées de marche sur le sol caillouteux, presque volcanique par endroit, avec le soleil qui me tapait dessus, et ce lac où le vent dessinait comme des vagues à la surface. J’avais parfois du mal à croire que j’étais bien à presque 4000 d'altitude, sur le plus haut lac navigable du monde, qui fait fantasmer tant de gens depuis leur télé. C’est fou, nan ?
Carnet de Route #9 : Vingt-Troisième Jour
La route jusqu’ici a été fabuleuse. Des heures et des heures à sillonner des terres austères, froides et brumeuses, parsemées de lacs aux couleurs étranges, parfois animées de troupeaux de lamas, ponctuées de quelques bicoques en adobe, au milieu de nulle part, où jamais un français ne pourrait envisager de vivre…
Carnet de Route #8 : Vingtième Jour
Tout le monde était sur le cul que je sois là pour un an entier, et j’ai dû expliquer que j’avais fait pousser et vendu ma weed pendant trois années consécutives pour en arriver là. Parlant de weed, les jeunes en avaient, ce qui n’a fait que renforcer le délire, la bonne humeur et l’hilarité générale !
Leçons d’Errance : Ce que le Road Trip Solitaire change en Toi
Les circonstances te contraignent à devenir débrouillard, ça oui, parce que t’as pas le choix : le cerveau humain est ainsi fait que tant que t’es peinard dans ta zone de confort, t’es qu’un bon à rien passif et effrayé qui se noie dans un verre d’eau, alors que quand y s’agit de sauver ta peau, tu développes d’un coup des trésors d’intelligence et d'ingéniosité.